On s’acoquine. Ant-Zen : pas simplement un label, un terreau de la rencontre.
Imminent, Thorofon. Complices, jusqu’à un certain point. Trois titres : en association, pas en coopération. À chacun son espace. Un rassemblement, qui symbolise communauté d’âme, et sans aucun doute respect mutuel. En matière de formats spéciaux, le label des musiques technologiques (electro, industrial, ambient) n’en est pas à son premier coup. Chaque titre formant l’EP est endossé par l’une des deux entités : les deux premiers sont signés Thorofon, le troisième (la reprise de Boney M) Imminent.
Ce qui rassemble, c’est l’idée de la frappe, d’une expressivité par la réduction. Faire le plus avec le moins. Thorofon entame le bal et installe dynamique : dès l’entrée en matière, "More Killings to please God", la règle de la tournerie s’impose, et la boucle roule sur elle-même. La voix déchante plus qu’autre chose, sans que vous plongiez dans les abysses. Il y a une latence, un effet de suspension. C’est prenant, sans rechercher l’effet spectaculaire. C’est tout sauf du rock’n’roll mais c’est sûr, il y a une mécanique. De ces choses qui donnent l’impression de ne jamais devoir s’arrêter : une installation, pulsation ordonnée, zéro à-coup.
Imminent, lui, fera "percussionner" à sa manière le classique de Boney M signé à l’origine par Rainer Ehrhardt, Frank Farian et Fred Jay : cinq minutes et demi durant, la voix frappe, scansion qui poppe sur "No more Chain Gang". Hypnose sèche et joueuse : la vibration rituelle s’empare du dancefloor, c’est sérieux, mais les ténèbres ne prennent pas ouvertement l’espace. La trame percussive de Boney M avait elle aussi cette "tranquillité rituelle" mais Imminent se transporte hors l’engouement et la chaleur festive de la version originale : la gravité de la réappropriation se situe dans la voix et dans cette résonance berlinoise early 80’s de la percussion. Dans le sérieux, un tour de malice.
