Moins d’un an après la sortie de leur sixième album studio, les New-Yorkais d’Interpol sont de retour avec A Fine Mess. L’EP a été enregistré pendant les sessions de Marauder, avec le producteur Dave Friedmann, connu pour son travail avec Mercury Rev ou encore Flaming Lips. Cependant, Paul Banks a précisé que les morceaux tirés de l’EP ont toujours constitué un travail à part entière par rapport à l’album, et que la volonté du groupe était de sonner plus rock : une direction que l’on avait déjà pu percevoir avec l’excellent titre "The Rover", premier extrait de Marauder.
Le ton est donné dès le premier morceau : "Fine Mess", dont l’énergie, la mise en avant de la basse et la voix saturée de Paul Banks sur les couplets ne sont pas sans rappeler "Roland", tiré de Turn On The Bright Lights. Ce sentiment de retour aux origines post-punk du groupe est également présent sur "The Weekend", notamment grâce au jeu de guitare impeccable de Daniel Kessler et à son refrain qui reste coincé en tête. "Real Life" qui débute avec un riff massif, était déjà joué en live pendant la tournée anniversaire des quinze ans de Turn On The Bright Lights en 2017, et semble quant à lui un peu plus proche de la période Antics. Le rythme ralentit un peu sur "No Big Deal" et "Thrones", qui se veulent plus mélodiques tout en gardant l’esprit percutant dont l’EP est imprégné. Là où Marauder pouvait parfois se perdre dans quelques longueurs, A Fine Mess se montre plus direct et incisif, et chaque titre est un tube en puissance.
Il est sans cesse reproché à Interpol de n’avoir jamais retrouvé les sommets atteints par leur premier album, mais la critique est réductrice et c’est oublier un peu vite que le reste de leur discographie comprend plusieurs pièces tout aussi incandescentes que sur Turn On The Bright Lights. La beauté à couper le souffle de "Pioneer to the Falls", l’électricité dégagée par "Slow Hands" ou encore la montée en puissance vertigineuse de "Lights", l’un des meilleurs titres du groupe, peuvent être cités en exemples. Sur A Fine Mess, les membres d’Interpol apparaissent revigorés et démontrent de la meilleure des manières qu’ils ont encore des choses à dire, même s’ils n’ont définitivement plus rien à prouver.