Peut-on être nostalgique d’une époque que l’on n’a pas connue ? C’est en filigrane la question posée par le documentaire The Rise Of The Synths – réalisé par Iván Castell - sorti en 2019 et aujourd’hui édité en DVD, Blu-ray et VHS (chaque édition comprendra un code de téléchargement pour le film et sa BO, un accès en ligne à plus de quatre-vingt minutes de scènes inédites, un poster et deux stickers). Avec John Carpenter à la narration, The Rise Of The Synths propose un voyage d’une heure vingt à bord de la voiture de SynthRider à la découverte des origines de la synthwave. Pour cela, plusieurs acteurs phares du mouvement on accepté d’être interviewés, à visage découvert ou masqué, parmi lesquels on peut citer Perturbator, Carpenter Brut, le collectif Valerie, Power Glove, Dance With The Dead, Gunship, Miami Night 1984 ou encore GosT.
À la manière d’une machine à remonter dans le temps, The Rise O The Synths propose de partir sur les traces des principales influences de la synthwave et s’attarde surtout sur l’une d’entre elles, à savoir le cinéma des années 1980 / 1990. La synthwave est ainsi définie comme étant "la bande-son pour des films imaginaires" par le superviseur musical John Bergin. Si le cinéma est une influence indéniable de ce genre musical, c’est aussi lui qui a lui a permis de sortir de l’underground, notamment grâce au succès du film Drive de Nicolas Winding Refn - sorti en 2011 avec Ryan Gosling en tête d’affiche – et de sa bande originale sur laquelle on retrouve, entre autres, Kavinsky et le collectif Valerie.
Le documentaire revient, à rebours, sur quatre périodes marquantes pour le développement de la synthwave. 2009 tout d’abord, avec l’importance du réseau social MySpace dans l’émergence du mouvement, qui a été un véritable lieu virtuel de rencontres pour les artistes. 1999 ensuite, et l’influence des années 1990 pour la synthwave bien que paradoxalement il s’agisse d’une époque qui a majoritairement rejeté les synthétiseurs. La musique électronique de ces années-là a joué un rôle, notamment avec des artistes comme Daft Punk. Puis 1989 avec l’importance du cinéma des années 1980, dont les films et les bandes-originales de John Carpenter, quasiment unanimement reconnu comme une des influences majeures pour de nombreux artistes. Enfin, le documentaire s’arrête en 1979 pour évoquer les pionniers des synthétiseurs comme Mike Oldfield, Giorgio Moroder ou encore Tangerine Dreams.
Visuellement très beau, The Rise Of The Synths est une entrée en matière parfaite pour qui souhaite mieux connaître ce genre musical. Il est surtout un vibrant hommage à une époque où tout paraissait plus simple, à tel point que nombre d’artistes synthwave d’aujourd’hui sont nostalgiques d’un temps qu’ils n’ont pas connu. On aurait souhaité que le documentaire aille un peu plus loin sur la question de l’avenir du mouvement, notamment depuis que la synthwave occupe une place de plus en plus importante et qu’elle se diffuse largement dans la culture populaire. Malgré ce léger bémol, voici un documentaire indispensable pour quiconque s’intéresse à la synthwave. Il l’est plus largement pour tous les nostalgiques d’une époque colorée, sans internet, où l’on pouvait louer des VHS au vidéo-club et écouter des cassettes audio avec son walkman, sur lesquelles les synthés résonnaient avec une force particulière et que la synthwave a parfaitement réussi à capturer.