Grâce à leurs deux derniers albums (Enfant De La Nuit sorti en 2015 et Return, deux ans plus tard), les Français d’Ixion ont gagné en crédibilité et en visibilité. Et c’est amplement mérité. Même s’il est vrai que le duo composé de Julien Prat et Yannick Dilly œuvre dans une sphère musicale dépeuplée (celle du doom atmosphérique), très peu représentée en France (en excluant Monolithe, projet de Sylvain Bégot), il n’en demeure pas moins que la musique d’Ixion est essentielle.
L’Adieu Aux Étoiles n’est pas un album surprenant, puisque qu’il s’inscrit dans la stricte continuité des précédents et s’adresse donc exclusivement aux amateurs du genre. Sa force irrésistible est à chercher dans cette sensation d’être déconnecté des réalités terrestres grâce à une impressionnante diversité des sonorités de claviers, et dans la richesse des propositions vocales (l’alternance classique entre le grunt et un chant clair ici sublimement interprété).
Quelques idées aux allures de détails insignifiants car habilement intégrés, embellissent le propos (les chœurs féminins d’"Havoc"). La formule est simple, mais en rien simpliste : des guitares rythmiques lentes aux relents de funeral doom, un ornement mélodique qui traduit une mélancolie subtile, des synthés aériens omniprésents et quelques discrets arrangements électroniques disséminées ici et là. On pense avec étonnement à Legenda, aux intentions cosmiques de Samael, mais avec un rythme divisé par deux, voire par trois.
Les thèmes et l’esthétique sont évidemment interstellaires, et exploitent les mystères liés aux corps célestes. Les secrets de l’intangible donnent de l’inspiration à Ixion, les ambiances sont douces, enveloppantes, spatiales et l’impact émotionnel s’accompagne d’un billet pour un voyage musical énigmatique. Oscillant constamment entre lourdeur et apesanteur, L’Adieu Aux Étoiles est la bande-son parfaite pour les fans de Nolan et de doom atmosphérique.