Le quatrième opus solo de l’Américain Jerry Cantrell, composé sur la dernière année, rappelle plus ouvertement que sans doute n’importe lequel des trois autres (Degradation Trip compris, 2002) à quel point il est le maître en écritures d’Alice In Chains. L’électricité noire, les mélodies charnelles et déprimées de I Want Blood en font l’appendice le plus voyant du corps Alice dans cette œuvre couchée en nom propre.
La puissance noire que dégage I Want Blood et ses accroches, typiques des marécages saturés du groupe principal, forment le disque le plus homogène et concentré en mélodies forte de toute sa création solo. Les amateurs d’AIC ne sauront plus où donner de la tête à l’écoute, tant les atmosphères se rapprochent de celles développées aujourd’hui par le combo. Mais où se situe la limite ? Y en a-t-il seulement une ?
Jerry est au centre des choses mais a fait appel, comme de coutume dans son parcours solo, à des forces extérieures et issues de son sérail : les personnes invitées à contribuer se nomment Robert Trujillo (Metallica), Mike Bordin (Faith No More) - pas une première pour eux avec le cofondateur d’Alice In Chains - mais aussi le bassiste Duff McKagan (Guns N’ Roses) ou encore Gil Sharone (Team Sleep), eux aussi proches de Cantrell. Les secondes voix sont assurées par Lola Colette et l’ex-The Dillinger Escape Plan Greg Puciato. un homme que l’on a vu très investi sur la tournée solo de Jerry postérieure à Brighten, où il rendait justice au répertoire d’Alice In Chains.
Et coule l'encre. En maîtrise. Que ce soit en solo ou en groupe, Jerry Cantrell a toujours su s’entourer et I Want Blood en forme preuve supplémentaire : la puissance des guitares et des voix reviennent essentiellement au protagoniste principal et fait la marque de ce disque, dont les tempos lents vous ramasseront à la petite cuiller (le poignant "Afterglow", le sabbathien "Let it lie"), quand le reste brille d’une flamme noire. Les bases saturées et abrasives du titre éponyme sont un coup de poing, l'âme de Seattle voyage et la voix de Cantrell est à son sommet. I Want Blood est son disque solo le plus identitaire et intense jamais paru.