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Image de présentation
Album
24/11/2022

Jozef van Wissem

Nosferatu - The Call Of The Deathbird

Genre : instrumental / minimal / lute music
Date de sortie : 2022/10/31
Photographie : Jozev van Wissem live Montpellier | Amo Passicos - source : official FB
Note : 80%
Posté par : Emmanuël Hennequin

Musique de commande réalisée par Jozef van Wissem sur mandat de la Cinémathèque Française, Nosferatu - The Call Of The Deathbird a eu pour rôle d’offrir une bande-son à la version restaurée du chef d’œuvre expressionniste de F. W. Murnau, Nosferatu (Prana / Film Arts Guild, mars 1922), basé sur le Dracula de Stoker et mettant en avant l’acteur Max Schreck.

Bâtissant les trames sonore en s’exposant au public, van Wissem a verbalisé pour Psychedelic Baby Mag un processus correspondant plus à la réalisation d’un désir  climatique qu’à l’expression d’une intuition face à ce qui est projeté. Par le son, par son lent crescendo, van Wissem conte par-dessus les images. Il a posé sur le film sa pellicule à lui : "J'ai découvert en le jouant devant un auditoire, qu’il était préférable de commencer par quelques notes et de construire lentement jusqu'à une fin lourde et dense. Je ne crois pas beaucoup à la réaction aux images. Je pense que la partition devrait se démarquer et développer sa propre histoire tout au long du film. Cela devient plus un travail en couches, de cette façon."

Ce n’est pas la première fois que l’homme ressource de Zola Jesus, Jim Jarmusch  ou Tilda Swinton s’attaque à la l’exercice de la musique illustrative (cf. la B.O. réalisée avec Jarmusch pour un autre vampirisme, Only Lovers Left Alive, 2013). Les six plages de l’album, édité récemment en format vinyle et successeur de Behold, I Make All Things New, ont été enregistrés en divers lieux : Rotterdam pour les deux actes inauguraux, Varsovie pour les deux derniers. Le décorum est évocateur : le musicien néerlandais basé à Brooklyn va chercher dans les sons de la nature (des sons d’oiseaux traités électroniquement – cf. "Act 2") et choisit d’épaissir les vibrations au besoin : ce sera luth, mais aussi saturations. Ces dernières fixeront un sustain anxiogène, notamment sur le final "Act 5", la plus imposante des structures de l’ensemble (durée : un quart d’heure). van Wissem fait aussi appel à de vieilles connaissances : un bassiste de son sérail, avec lequel il a pratiqué un son new wave dans les années 1980, a prêté main forte sur l’acte 3. 

L’éventail des couleurs déployées par ce Nosferatu en fait une expérience tout sauf linéaire, mais unie par un design atmosphérique singulier. Sa suggestion vous fait réaliser. À l’écoute de The Call Of The Deathbird, vous verrez apparaître le vampire, vous le sentirez.

Tracklist
  • 01. Nosferatu, Act 1
  • 02. Nosferatu, Act 2
  • 03. Nosferatu, Act 3
  • 04. Nosferatu, Act 4
  • 05. Nosferatu, Intro Act 5
  • 06. Nosferatu, Act 5