"Le luth est éternel." Affirmation définitive d’un authentique original.
Jozef van Wissem est en effet indissociable de cet instrument depuis que nous le connaissons. Véritable troubadour moderne, ancré dans une tradition ancienne, le Néerlandais caresse une nouvelle fois nos oreilles avec The Night Dwells In The Day. Sept titres d’une grande profondeur, comme autant de ritournelles folk d’un autre âge. Majoritairement instrumental, le disque ravit l’auditeur dès les premières notes introspectives de "The Devil is a fair Angel and the Serpent a subtle Beast". Le temps de la répétition s’étend sur quelques minutes, nous plongeant dans un état de transe et de recueillement. Un schéma musical que l’on retrouve tout le long de l’album. La mélancolie, teintée d’effroi, se prolonge ensuite avec "The Call of the Deathbird", la pièce maîtresse. Bénéficiant des vocalises oniriques de Hilary Woods (à qui l’on doit l’exceptionnel Colt paru chez Sacred Bones en 2018), ce morceau s’impose par sa puissance évocatrice et son atmosphère mystique. Il y a du Wovenhand et du Nick Cave dans l’air… 
Cet opus témoigne d’une volonté d’émouvoir. Né du confinement, que son auteur a passé à Varsovie, il se distingue par la thématique du duel entre lumière et obscurité. L’ambiance religieuse est manifeste, et le luthiste a d’ailleurs des faux airs de David Eugene Edwards sur la pochette. Un chemin de croix se dessine, avec cette volonté farouche d’atteindre la rédemption, comme pour faire écho à son propre parcours. Lorsque sa voix surgit, par exemple sur "The Day of the Lord", elle est impérieuse, menaçante. Van Wissem lance ses vaticinations pour nous inviter à rejeter un monde devenu fou. Ajoutant de-ci, de-là, des touches électroniques ("With our Hands our Hearts to raise") et un beat décharné, le musicien a nourri ses compositions minutieusement. La tristesse douce s’étale, entêtante et délicieuse, via des notes minimalistes et tellement belles. L’année 2024 commence en beauté. Bravo !
