L'introduction est étonnante : un riff heavy qui tourne en boucle. Krav Boca lorgneraient-ils du côté de Mass Hysteria ou Sidilarsen ? Ah non : dès "Nemesis", on retrouve la formule du groupe. Chant phrasé rappé avec refrains énormes, mélodie qui fait surgir des éléments culturels autres (instruments ou gamme chromatique). Plus loin, "Signal" renouvelle la même recette : pas de surprise, mais de l'efficacité. "TN Punx" balance un titre missile, nouveau classique instantané pour lequel il ne reste plus qu'à assimiler le flot de paroles. Les pointes heavy, on en entend d'autres pour aiguiser les slogans et phrases lapidaires du magnifique "Control" : c'est une stridulation qu'on aimerait retrouver plus affirmée pour la suite. "Abyss" joue également avec un riff lourd, parfaitement associé à une construction plus évolutive, lorgnant vers le post-hardcore, mais avec cette pointe d'hybridité qui fait toute la différence.
Pas de changement de braquet fondamental : ces titres, Krav Boca les a composés puis enregistrés durant leur tournée incessante, malgré le confinement. Les clins d'œil sont multiples : Krav Boca invite les copains artistes et propose ainsi dans son album un mezze des activistes croisés et embarqués dans les revendications. Ainsi, Ratur (rappeuse de Nantes) illumine "Arraché", un titre plus mélancolique qui fouille l'intime et les raisons d'avancer. La rage se conjugue avec un petit esprit narquois : ainsi les initiales d' "ACAB" (avec Rationalistas) se font références au Clash : Athens Calling / Athen Burning...
On entendra quelques mesures qui feront la différence : "Eclipse" au flow plus rapide, avec une guitare soliste intéressante et plus encore, un refrain lourd et ambiancé, un trip inédit chez eux. "Pirate Party" est un nouveau délire festif léger et décadent, entre les Béru, Punish et Billy Ze Kick qui pogotteraient dans la free party d'une ZAD reconquise. Musique pour extérioriser : qui met la pression ?
Ce nouvel album est donc homogène grâce un mixage habile, il réussit à redire sans tourner en rond ce qui fonctionnait et donne des nouvelles choses à entendre ; il expose surtout une famille de passionnés rebelles, fédérés et libres à la fois, aux propos qui ne se limitent pas qu'aux coups politiques.