Une galerie contemporaine en ligne depuis peu. Des visuels forts. L’Œil Du Chat veut pour les artistes qu’elle défend un espace d’exposition direct, en même temps que devenir source d’information sur les productions, mais aussi espace de vente. Et l'univers s'ouvre. Allez voir, c’est beau – et découvrez la démarche que Régis Lagoeyte, artiste et partie prenante directe à la création de L’Œil, a bien voulu décrire à Obsküre.
Obsküre : D'où, quand, comment est née l'idée de L’Œil Du Chat ?
L’Œil Du Chat : Nous participons régulièrement à de nombreuses expositions d’artistes de talent, mais méconnus du grand public, parce que non professionnels, implantés en région, ou simplement occupés par leurs autres activités... Au cours de ces expositions, en galeries officielles ou dans des situations plus originales, nous avons entrepris la démarche d’analyser les points de vue des artistes exposants et des visiteurs. Nous avons ainsi pu cerner des demandes récurrentes et fédératrices. Avec les artistes, les préoccupations portent sur les projets, la passion qui en découle, mais aussi les revenus et dépenses liés à cette activité, les difficultés à exposer et à "se faire connaître". L’engouement et la curiosité des visiteurs sont souvent réels, mais les achats d’œuvres originales restent exceptionnels. Souvent, ces mêmes visiteurs ont fait, ou vont faire, des recherches en ligne, afin d’en savoir plus sur l’artiste, son parcours, ses œuvres... sans obtenir les informations escomptées.
Les artistes rencontré(e)s ont très souvent une visibilité peu cohérente sur internet, beaucoup se contentent d’une présence "approximative" sur les réseaux sociaux, quand d’autres n’ont tout simplement aucune visibilité. Ils sont très conscients de ce manque, mais n’ont pas de solution pour y pallier, souvent par manque de temps et de compétences. Tous reconnaissent cette problématique comme un frein à la diffusion de leur travail et à d’éventuels revenus. Pour les visiteurs, le constat est lié : une forte affection pour un travail artistique original et de grande qualité, contrainte par un manque de notoriété ou de visibilité de l’artiste. Le prix des œuvres originales uniques, alors qu’il est justifié, participe au sentiment frustrant de "passer à côté de quelque chose".
Sur quels critères sélectionnez-vous les artistes que vous exposez ? Qu'est-ce qui fait que leur art entre dans la "sphère d'amabilités" de L’Œil Du Chat ?
Comme pour n’importe quelle galerie, les choix sont subjectifs et assumés comme tels. Seule la valeur d’appréciation d’un ou d’une artiste entre en compte. Nous nous référons tout simplement à nos goûts personnels. Nous avons la chance d’être une équipe très réduite, ce qui facilite des décisions collégiales. Finalement, notre seule contrainte objective concerne la pertinence de la reproduction d’une œuvre en deux dimensions. Certains plasticiens proposent des œuvres très fortes, mais dont la nature même n’est pas compatible. Travail sur l’épaisseur, matériaux mixtes, prédominances du relief… sans même parler de sculpture, certaines œuvres seraient dénaturées par le principe de reproduction.
Il y a une légèreté de la structure d'exposition de l’Œil Du Chat – vive le "en ligne" ! – jusque dans les conditions proposées aux artistes. Le fait de ne pas faire payer les artistes exposés et de vous conserver en contrepartie la stricte maîtrise de la sélection des œuvres a-t-il fait partie du concept de l’Œil du Chat dès l'origine ?
Absolument. Nous tenons beaucoup à ce principe de gratuité d’exposition. C’est le fonctionnement d’une galerie dite "classique". Les œuvres sont confiées à la galerie, qui s’occupe de tout : présentation, communication, commercialisation, gestions diverses… En échange d’un pourcentage sur chaque vente. De cette manière, la galerie décide d’exposer ou non tel(le) ou tel(le) artiste, telle ou telle œuvre. C’est ce qui crée la cohérence de la galerie, sa direction artistique, son identification propre. Le modèle de galerie payante a le mérite d’exister et permet l’exposition d’artistes que ce fonctionnement intéresse ou qui n’ont pas d’autres opportunités. Vous en trouverez énormément en ligne, et leur catalogue est souvent foisonnant, au risque de se perdre entre des propositions singulières et d’autres… moins abouties.
Comment sont rémunérés les artistes lorsque vous vendez une de leurs œuvres, que ce soit une œuvre originale ou une copie ?
Avant toute exposition des œuvres d’un artiste, celui-ci doit signer un contrat qui définit juridiquement sa rémunération. Pour l’instant les propositions d’œuvres originales (uniques) sur L’Œil Du Chat sont volontairement très restreintes. Nous préférons dans un premier temps privilégier les reproductions, principalement pour prendre le temps d’élaborer une méthode logistique concrète, notamment pour le transport et la livraison d’œuvres uniques. Dans tous les cas, un pourcentage est contractualisé et appliqué à chaque vente pour rémunérer les artistes.
Sur la page "concept" de la galerie, vous exposez vos choix concernant la forme physique des copies d'œuvres que vous vendez. Comment avez-vous choisi les matériaux, les supports ?
Nous avons choisi de travailler avec WhiteWall, qui gère la fabrication et la livraison des reproductions. Cette société est leader dans ce domaine et remporte régulièrement des récompenses (Tipa Awards, par exemple) pour la qualité de son travail, l’application rigoureuse des process et le respect intégral des normes liées à son activité.
En ce qui concerne le choix des supports, l’Alu Dibond™ s’est imposé immédiatement. C’est une impression de haute qualité, collée sur deux plaques d’aluminium, elles-mêmes séparées par une fine couche de mousse. On se retrouve avec un cadre extrêmement rigide, fin (environ 4 millimètres) et très léger, y compris pour des grands formats. Le système d’accroche est à la fois discret, simple et performant. C’est aujourd’hui le support privilégié pour toutes les reproductions à plat (artistes numériques, photographes…). Nous proposons également deux autres supports très connus, et appréciés : la reproduction sur châssis toilé mat et le classique cadre bois, sous-verre avec passe-partout.
Fluid est une exposition de Régis Lagoeyte qui a pu être visitée au Phare, à Limoges, courant mai 2023. Imaginez-vous organiser des évènements dans des lieux physiques autour des artistes de l’Œil Du Chat ?
L’exposition Fluid est un évènement indépendant de la création de L’Œil Du Chat. Dans un avenir que nous espérons proche, et en réunissant les moyens nécessaires, la galerie proposera des évènements "en présentiel", certainement sous la forme d’exposition avec plusieurs artistes de la galerie, proposant à la fois des œuvres uniques et des reproductions produites pas L’Œil Du Chat. Mais avant tout investissement de cet ordre, nous devons mesurer la réussite effective (technique et commerciale) de notre entreprise !