Dans la lignée de Position Parallèle, BOREDOMproduct sort le projet La Machine. Au menu, une synth pop, minimal wave, chanson française synthé friendly.
La Machine assemble les talents et envies de Pierre Pi (Komplex, Position Parallèle et Communication Zéro) à Eric U0 (Celluloide, Thee Hyphen, Signal~Bruit). Forcément, le son est excellent : les notes sonnent, la voix est bien placée, mécanique et chaude en même temps ("F.F.P.2 remix" notamment), avec des stridences anachroniques qui glacent un peu plus de noise progressive le rendu général. Des belles superpositions de pistes (les voix sur "La Machine") et des samples musclent efficacement le propos.
La machine à reculer le temps a cassé son "Sélecteur temporel" (merci E.P. Jacobs et son Piège diabolique) puisque c'est un titre de 1967, interprété à l'époque par la grande Dani qui ouvre cette première carte de visite. On se retrouve donc avec un titre yéyé arrangé à la sauce novö, avec une partie des paroles enlevées (la cuisine, l'anticipation truquée. Puis, c'est notre époque avec ses masques anti-diffusion de germes et autres microbes, qui bascule dans le rétro. Enfin, "Popcorn", tube interplanétaire et intemporel vient défier nos chronosphères intimes... L'original, on le sait peu, date de 1969, et est signé Gershon Kingsley. Ma génération connaît sa reprise pour un jeu-vidéo casse-briques du même nom sorti en 1988 sur PC ; celle de mes enfants a saturé avec la reprise par Crazy Frog en 2005.
Le digipack donne les paroles des deux titres chantés : "La Machine" dézingue notre consumérisme addictif et la futilité des progrès technologiques par une ritournelle qui empile les jeux de mots et le comique de situation. "F.F.P.2" plaide pour un bon roulage de pelle, c'est notre Humanité qui se cache des caméras de surveillance puisque notre monde a rejoint désormais une bonne partie des narrations dystopiques.
La Machine a donc une voix et un ton ; le décalage possède ce ton narquois et ce regard désabusé que le jeune Daniel Darc appréciait (je pense à "P.A.R.I.S.", bien sûr) ; reste à entendre ce que le duo saura produire sur le long terme. L'apéritif est réussi, mais comme tout apéritif, il ne révèle pas entièrement la teneur du repas à venir.