Originaire de Saint-Pétersbourg, Livinroom produit cette résonance afterpunk dont les tréfonds remontent à la fin des 70’s.
En 2023, elle instille son charbon dans des formats chansons classiques – entendez, de la tradition pop, les chansons mémorisables aisément. Si Livinroom garde donc – et voyez-y un compliment – quelque chose de plus digeste (moins aventureux, aussi) que n’importe quel exposé de Joy Division ou Norma Loy, le son émotionnel et engagé que concentre le groupe russe sur Should Avoid, sa mécanique émotionnelle et froide (boîte à rythmes, pardi !) feront des émules. La sévérité mesurée, la posture en retenue et en économie des guitares, la linéarité des fréquences basses, la gravité de la voix (un petit côté Death In June époque originelle, un soupçon d’Ikon période Carrodus), tout cela reste certes dans une veine traditionnelle mais qui, de par le style affirmé et la conviction qui pétrit l’ensemble, convainc. Pour vous en convaincre, écoutez "Seagull", le final (six-cordes en spatialité, échos chameleonesques) ou encore "Leave me alone" (économie des six-cordes, mode early Sisters).
Précédé de plusieurs courts (des singles [dont un avec Minimal Unit, l’hypnotique "Knowledge", en avril 2023] successeurs d'un premier EP brut en relief mais stylé, élégant et percutant), ce format long, d’une cohésion qui se remarque, installe une nouvelle référence au panthéon de vos petites faiblesses post-punk. Livinroom, dans les guitares qu’il déploie depuis ses débuts, réveille ce faisant une élégance gothique sans tomber dans d’excessives démonstrations, et confirme aujourd'hui un niveau de maîtrise. Le son a mûri et le mix a gagné en équilibre depuis les premiers essais... alors s’il reste encore des choses à affirmer, une force certaine demeure en ces choses.
Que la route soit longue.
