Jolie pochette avec photo en noir blanc, cuir choc et maquillage gothico-chic. On découvre donc dans un bel écrin le premier album de Louisa Pillot, un astucieux panorama de la musique indé actuelle, co-signé avec le producteur Vice Cooler. On y retrouve des percussions à la The Soft Moon, des riffs de guitares tirés des années 90 ("Chaos"), des basses synthétiques énormes, un feeling à la Nine Inch Nails, une voix entre trouble et colère (le mid-tempo EBM salle de gym fétichiste "No Pressure"). On croise en Louisahhh une sorte de Hanin Elias en moins dingue, même si le travail autour de la voix suscite de beaux moments comme sur "Ferocious (Contained)".
Dix ans de production et de composition au sein de la scène techno, la création de son label RAAR sous les bons conseils de Brodinski : le résultat est là, fait de fulgurances et de raclements (le très bon "Like a Shot" ravira les adeptes de Miss Kittin, "Numb, undone" est bien plus harsh et raide, "Corrupter" tabasse bien aussi), dans un cadre légèrement transgressif. Lorsque les oripeaux les plus sales laissent de la marge, des titres se déploient, beaux, languides et froids à la manière d'un Depeche Mode comme ce "Master" à la mélodie vocale bien sentie, dans une ambiance clubby dépressive idéale pour comater. On l'associera avec plaisir à "Not dead" où la voix est là aussi libérée. Enfin "Hunter Wolf" ferme cette trilogie de cold electro, avec quelques pointes à la Mona Soyoc dans ce feeling parfois jazzy.
Le ravage n'est pas tant musical que langagier : dans cet album, Louisahhh déballe un chemin de croix, le sien, celui de ses addictions, de ses amours, de ses deuils, de la libération par les pratiques BDSM. Bien plus audible et moins torturé que Hide, ce projet passera mieux auprès de vos collègues curieux mais timorés. Pour nous, on apprécie le son, la tonalité sombre qui se dégage, les expériences sur la voix et l'honnêteté du projet.
