Tout y est : la voix masculine grave et caverneuse, la boîte à rythmes ultra efficace, la basse sombre et les nappes de synthés. Lovataraxx fait de la cold wave, Lovataraxx lorgne parfois vers la minimal, surtout lorsque le chant féminin fait son apparition. Finalement, on pourrait se dire qu’il s’agit là d’un énième duo masculin-féminin, comme il y en a tant dans ce milieu. Des groupes qui séduisent aussi rapidement qu’on les oublie.
Pourtant, il y a un feeling indéniable chez ces Grenoblois, une âme qui transparaît de ce projet et qui fait toute la différence. Il y a aussi une volonté de prendre son temps, de se construire d’abord par la scène, en tournant beaucoup, en France et en Europe mais aussi aux Etats-Unis. Car si le groupe existe depuis 2013, Hébéphrénie est leur premier véritable LP, Lovataraxx n’ayant jusque-là sorti qu’un EP, Kairos, en 2017.
Au vu de la qualité des morceaux présents sur l’album, on se dit que l’attente en valait la peine. Le groupe parvient à varier les atmosphères et les émotions sans faillir. De la froideur de "Subjugué" à la douceur de "Medicine". Des claviers glacés de « Prostration » à l’orgue lourd de "Hoop". De la basse mélancolique de "Angst" ou de "Blok" à la rythmique quasi épileptique de "Ana Venus". Du côté expérimental de "Craving" à celui presque pop de "Sidewalk".
On pense parfois à The Cure, surtout sur les lignes de basse, le timbre de voix masculin rappelle par moments Ian Curtis, on peut aussi y trouver un peu de Lebanon Hanover ; mais Lovataraxx arrive à imposer sa propre personnalité sur cet album. Hébéphrénie est bien plus qu’un concentré d’influences : c’est un disque auquel on a envie de revenir pour en explorer les moindres détails, ou simplement pour se laisser porter la musique. Un disque pour danser ou penser, et dont l’atmosphère est faite pour la saison automnale.