Enregistré puis mixé à cheval sur 1992 et 1993 (mix signé d’un certain Justin Broadrick, cf. Godflesh), le successeur de Dreamt About Dreaming, Journey Through Underworlds (1993, donc) fait pierre angulaire dans l’œuvre de l’ex-Napalm Death Mick Harris (Scorn, Fret).
Les climats abyssaux déployés tout le long de ces trois titres (dont l’épique et final "In the Distance", quarante-cinq minutes au compteur, attachez votre ceinture) forment un espace stylistiquement distinct de ces environnement minimaux et aquatiques déployés par Scorn à partir de la même époque (émergence dudit projet en binôme, en 1991) et ses vagues de basses post-dub. Le son est minéral, il y a une sécheresse industrielle, une abstraction filmique : ces climats labyrinthiques correspondent aux essais initiaux de Harris avec des échantillonneurs et Lull sculpte, en 1993, immersion en territoire intime. Des espaces imaginaires, paysages où se perdre.
Harris, sur Journey Through Underworlds, a ambitionné un son cauchemardesque : les détails affleurent à la surface d’un magma sourd, suggérant le flottement d’inquiétantes présences. Pas de démonstration de puissance, pas d’explosion : les maux œuvrent par dedans, et leur bruit est insécurisant. L’enfer, ce n’est peut-être pas les autres.
La réédition bénéficie d’un design entièrement revu et d’une remasterisation signée du prestataire maison du label archiviste Cold Spring, Martin Bowes (Attrition).