De très lointains airs avec le "Creep" de Radiohead pour la mise en avant de la langueur adolescente sur "Lace Dress". Toutefois, le jeune Ariel Borenstein au vampirique pseudonyme n'est pas à ranger dans la case de l'indie-rock entreprenant. Lëster a commencé en 2015, dans sa chambre, et on ne va pas ranger son premier disque tout de suite. Son look frappe, les oripeaux emo-gothiques sont de sortie, le clip joue la panoplie du décalage avec poupées Monster High qui-sont-les-seules-vraies-amies. La musique interpelle : elle associe les teintes cold aux virulences stridentes du vocoder / autotune à la mode.
Le résultat, bancal est séduisant. En fan de T.a.t.u., Lëster vise la pop qui entre en tête ; un truc un peu honteux et freaky... C'est risqué, mais la qualité du résultat intéresse. Sa voix se lance à l'assaut des hauteurs et y gagne de l'émotion tandis que la musique pulse un rythme bien entraînant ("Dance with Me"). Les partitions multiplient les arrangements et instruments pour coller au plus près des variations. "RED" est plus synthétique et sirupeux, dans l'air du temps des dépressifs du rap (XXXTentacion, $uicide Boy$, Lil Uzi Vert et consorts) quand bien même sa voix reste dans un chant typiquement pop ("What am I doing", composition en retenue parfaite avant changement de braquet). Lui, parle de pop et assure ses liens avec une scène plus rock (Placebo, Marilyn Manson...) tout en lançant aussi un projet intrumental par ailleurs (LSTR). Le cinquième titre est un remix par Sébastien Chenut du single, dans une ambiance feutrée-disco 80 de toute beauté (on imagine que Vogue.Noir l'aimera).
On a vu Lëster jouer dans 120 Battements Par Minute, il mixe aux soirées Coucou ! (dont il est co-fondateur) et devient petit à petit une nouvelle référence de la scène queer. C'est au Klub qu'il fera la fête pour le lancement de cet EP, ce 28 novembre 2019.
