Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, Marilyn Manson n’a jamais laissé indifférent, capable de sortir des albums brillants ou assez médiocres. Depuis quelques années, sa carrière est en dents de scie, allant de l’album (injustement) décrié Eat Me, Drink Me (2007), au ratage total de Born Villain (2012) jusqu’à un certain retour en grâce depuis The Pale Emperor en 2014. C’est néanmoins toujours avec un certain enthousiasme que l’on se lance dans l’écoute d’un album de l’Américain.
Pour cette cuvée 2020, Manson a fait appel à Shooter Jennings, un artiste de country avec lequel il avait déjà travaillé, notamment sur une reprise de "Cat People (Putting out Fire)" de David Bowie. Cette collaboration ne surprend pas tant que ça. En 2019, Manson avait sorti une très bonne reprise du classique folk de Johnny Cash, "God’s gonna cut You down", démontrant une volonté de proposer quelque chose de différent.
Même si on peut presque sentir la présence de David Bowie sur "We are Chaos" le premier extrait de l’album, ainsi que sur "Don’t chase the Dead" - dont Manson explique lui-même l’influence de la période berlinoise de Bowie - cet onzième opus du Révérend reste profondément un album de Marilyn Manson, le nerveux titre d’ouverture "Red black and blue" est d’ailleurs là pour mettre les choses au clair. Tout comme le très bon "Infinite Darkness" qui nous répète "You’re dead longer than you’re alive". On retiendra aussi l’excellent "Keep my Head together" et son solo de guitare.
Mais c’est lorsqu’il se fait romantique et mélancolique que We Are Chaos est le meilleur, comme sur les titres "Paint you with my Love" et "Half-Way & one Step forward" qui ne sont pas sans évoquer des réminiscences de la période Mechanical Animals. Les deux derniers titres achèvent de nous convaincre, les accents sudistes hantés de "Solve Coagula" et le poignant "Broken Needle" venant conclure de la plus belle manière un grand album.
En dix titres parfaitement cohérents et complémentaires, We Are Chaos s’impose comme le meilleur album de Manson depuis la période Mechanical Animals / Holy Wood. On ressent l’investissement total de l’Américain sur ce projet – il a d’ailleurs lui-même peint la pochette de l’album – et une véritable alchimie dans sa collaboration avec Shooter Jennings. Marilyn Manson a encore des choses à dire et surtout, l’art et la manière de le faire.