Un être manque et tout se recompose. Philippe Pascal n’est plus et Marquis De Sade, un temps reformés (pour d’ultimes splendeurs : une trace fameuse, le live 16.09.17) est devenu Marquis. Deux albums à son actif, dont le récent Konstanz forme ode à l’invitation et la coopération (guests, entre autres : Elli Medeiros, Denis Bortek de Jad Wio). Suivre l’instinct, ouvrir la palette : c’est un collectif originel ressourcé qui se projette aujourd’hui vers l’avenir. Retour en compagnie de plusieurs protagonistes, dont l’originel Frank Darcel (guitares), sur ce qui fait le processus et ouvre les lendemains.
Obsküre : L’image mentale que nous pourrions avoir de Marquis est aujourd’hui celle d’une famille recomposée… et plus soudée qu’elle ne l’a peut-être jamais été, y compris du temps de Marquis de Sade, mais vous seuls pourriez le dire. Nous ne connaissons pas le vécu "de l’intérieur". Dans le Marquis dans lequel vous vivez aujourd’hui, quelle(s) qualité(s) majeure(s) vous semble(nt) caractériser les relations interpersonnelles et artistiques ?
Frank Darcel : Une famille recomposée, c’est un peu ça, une "communauté" ouverte, qui offre à tous la possibilité de perpétrer un style musical marqué ; les apports de chacun, avec ces générations diverses, permettant de réinventer la modernité du projet. Avec quelques règles, anciennes parfois, à respecter. Cela fonctionne vraiment bien en interne et c’est amusant, car nous cochons toutes les cases de vingt à soixante ans ; c’est difficile d’être plus transgénérationnel… En dehors du fait que chacun apporte sa pierre au projet musical, il y a une forme de bienveillance qui régit les rapports entre nous et c’est encore plus important par les temps qui courent. Et, même si cela prend du temps à jauger, je remarque que nous semblons tous doués d’humour… C’est très important, mais là le décodage est compliqué car on ne sourit pas des mêmes choses, ni de la même manière, à vingt-quatre ans qu’à soixante-quatre, les âges extrêmes chez Marquis. Mais ça se cale doucement, et c’est très instructif. Dis-moi de quoi tu ris, j’essayerai de deviner qui tu es…
Simon Mahieu (chant) : Tout le monde a une personnalité très distincte – bizarreries et tout, mais surtout il y a un effort clair pour s'entendre et se comprendre. Même si nous sommes parfois en désaccord, nous sommes sur le même bateau. Surtout sur scène, nous avons tous la même destination : faire un bon show. La musique est un des grands égalisateurs, car c'est un langage très organique et inclusif, qui nécessite plus d'interaction que de réaction.
C'est vrai que Marquis se sent différent des autres groupes dans lesquels je suis à cause de l'aspect multigénérationnel : nous sommes presque tous à des phases différentes de nos vies. Même s'il est logique de graviter vers des personnes qui ont à peu près le même âge que le vôtre (car vous partagez souvent la même culture pop et le même air du temps qui vous ont façonné dès votre plus jeune âge), cela ne signifie pas que vous ne pouvez pas avoir de liens profonds avec des gens d'autres générations. Dans cet aspect, Marquis ressemble beaucoup à une famille avec des cousin.e.s et des oncles, je suppose. Parfois, cela provoque des frictions, mais le plus souvent, cela a plus à voir avec qui nous sommes qu’avec notre âge.
Simon n’a pas forcément conscientisé le "poids de la charge" après la disparition de Philippe, son âge faisant qu’il n’a pas vécu en temps réel l’aura de Marquis De Sade. Dans sa posture, il me semble aujourd’hui éprouver, studio comme live, une plus grande facilité, un confort par rapport à l’époque du premier opus. Là encore je me trompe peut-être, et ne sais si cette image correspond à un vécu pour lui-même. Correspond-elle à une réalité, ou pas vraiment ?
Frank : Oui, tout à fait. Quand Simon s’est retrouvé en studio avec nous pour le premier album, Aurora, le projet était encore de faire chanter chaque titre par une ou un interprète différent pour rendre hommage à Philippe, à Marquis De Sade, et l’aventure devait s’arrêter ensuite. Simon était plus jeune que les autres invités déjà intégrés au projet : Dirk Polak, Etienne Daho, Marina Keltchewsky, Dominic Sonic, Christian Dargelos. Il nous avait été conseillé par Adriano Cominotto, qui jouait des claviers sur l’album. Immédiatement séduits par son interprétation, son attitude et la qualité de son accent anglais, on a décidé de finir l’album avec Simon, mais il n’avait pas participé à la composition et a seulement écrit entièrement le texte de "Glorie", interprété en néerlandais.
Un an après la sortie de l’album, nous avons donné quelques concerts avec Simon et cela s’est super bien passé ; mais on n’avait intégré au set qu’un seul nouveau titre, "Brighter", titre qu’il avait coécrit cette fois. Très vite, il est apparu que Simon était un frontman né et nous avons convenu que l’album à venir, Konstanz, résulterait d’une écriture à quatre mains. Simon s’est retrouvé beaucoup plus impliqué, et il est monté en puissance, rayonnant pendant les concerts de cette année. Maintenant, en live et sur disque, Marquis est là. L’apport de Niko Boyer au moment de l’enregistrement de Konstanz, et sur scène depuis le début, a été déterminant également.
De quelle manière le groupe accueille-t-il les forces extérieures, ce que ce soit une chanteuse, un chanteur, des musiciens invités ? Lorsque je regarde en télévision vos entrevues récentes, les tiennes Frank, ou celles d’Eric, j’ai l’le sentiment de me trouver face à des gens de forte aisance verbale – mais vous êtes alors dans un exercice consistant à parler de ce que vous faites à des médias, des personnes extérieures au groupe. C’est une situation. Cette verbalisation s’impose-t-elle par nature et à un niveau comparable, à l’heure de la reconnaissance du mérite de la jeune pousse par exemple ? Ou au contraire, le rapport social de certains d’entre vous peut-il passer par une manière plus "taiseuse" ?
Parler en direction des médias est un exercice à part. C’est se donner en spectacle d’une manière différente, plus appliquée, distanciée en même temps, et on a en général eu le temps de penser à ce qu’on va dire. Nous sommes dans le bain, Éric et moi, depuis plus de quarante ans, les questions nous surprennent plus rarement et on surinterprète forcément les réponses, parce qu’on a ce vécu qui invite à des mises en perspective. Mais il s’agit seulement d’un groupe de rock à la base... Évoquer Simon avec les journalistes est plus compliqué, parce qu’il s’agit d’une collaboration récente, qui doit aussi être validée par les personnes extérieures au groupe, ce qui est en train de se produire. Et ce qui est encore plus compliqué, c’est de déterminer entre nous la nature du projet en cours par des mots, hors des répétitions, au-delà des notes. Je crois que là, comme à l’époque de Marquis De Sade, la démarche reste essentiellement instinctive : tu as quoi comme riff ? Ça… Tu as une idée de texte ? Presque… Ne pas conceptualiser ni formaliser trop, c’est là que l’idée de groupe est excitante à mon sens, cette recherche de la longueur d’onde, de l’instinct collectif. C’est pour ça que ce qu’on fait s’appelle encore du rock : ces groupes qui jouent tout à la main, suent et commettent des erreurs, hésitent et recommencent... Mais il est vrai que les voyages en voiture avec Simon, fréquents, entre Bruxelles et la Bretagne, nous ont permis de verbaliser certaines choses ; mais on parle peu de notre musique finalement…
Nombre d’invités se sont impliqués sur Konstanz. Votre passé commun avec eux, le fait que vous les connaissiez, est-il toujours le point de départ de l’invitation ? Ou alors, les causalités de leur participation sont-elles plus aléatoires ?
Nous nous sommes habitués depuis le premier album de Marquis, Aurora, à ces invitations, car il s’agissait, comme je l’expliquais, de remplacer Philippe par différents interprètes, dans cette période où nous étions un peu largués, quand nous ne savions pas que le projet allait exister sur scène, se prolonger. Connaître Etienne Daho, qui avait dit oui en premier, Christian Dargelos, Dominic Sonic, ou Marina Keltcheski simplifiait les choses ; c’était l’idée de rester en famille, comme on le fait après un coup dur. C’est ce qui s’est passé également quand il a fallu, plus tard, remplacer Thierry après qu’une maladie invalidante des mains l’a stoppé dans l’exercice de la basse. Là, il nous est de nouveau apparu naturel de faire appel aux bassistes que nous connaissions : Pierre Corneau, Roberto Briot, qui jouait déjà sur Aurora, ou encore Davy Habets, un bassiste hollandais ami de Simon. Cette proximité est déterminante, mais ensuite on réalise que cette sorte de collectif apporte beaucoup au projet ; on y prend goût et on se dit : tiens, et si on tentait aussi tet ou tel qu’on aime bien ? J’ai contracté Dirk Polak pour interpréter le titre "Soulève l’Horizon" sur Aurora par Messenger, sans le connaître. Même chose avec Vernon Reid (NDLR : de Living Colour et Spectrum Road), dont j’avais juste l’e-mail, pour la guitare solo de "Er Maez" sur Konstanz. Le bassiste Jared Nickerson est venu par l’intermédiaire d’Ivan Julian. Ce sont de sacrés clients… Et cela répond au désir de partager un titre avec des gens qu’on respecte et admire, d’utiliser le studio comme un théâtre d’expérimentations, d’y faire se rencontrer des personnalités, des villes, des continents, d’en nourrir le disque. Les invités qui ne nous connaissent pas sont surpris au départ par ces invitations, puis ils écoutent, disent OK pour la plupart, et c’est gratifiant. Je ne pense pas que cela nuise à la cohésion du groupe, cela nous pousserait plutôt à nous dépasser, ça crée des décalages, des surprises... mais il est clair par exemple qu’il n’y aura pas autant de bassistes sur le prochain album, car Xavier a trouvé sa place parmi nous.
Ce qui a compté aussi dans cette démarche, c’est que quand Philippe était encore investi dans le projet d’album, je lui avais promis la participation de James Chance, Ivan Julian et Richard Lloyd. Avoir ces mecs sur notre disque était quelque chose qui le motivait beaucoup. La connexion newyorkaise a survécu, faisant partie de l’hommage à Philippe au départ, devenant consubstantielle de notre démarche au moment de Konstanz. Parce que New York reste un creuset fondamental pour cette musique qu’on aime, ayant enfanté le Velvet, les Feelies, Talking Heads, Television ou Suicide, parmi d’autres. Quand on invite ces personnes sur les albums de Marquis (Tina et Chris de Talking Heads ont, eux, joué sur un titre de mon groupe précédent, Republik), ce n’est pas pour obtenir une sorte de certificat d’authentification, le public s’en fiche et il a bien raison. C’est d’abord parce que ce sont des musiciens exceptionnels, qui transforment le projet. Ce qui est plaisant aussi, c’est qu’ils s’engagent à fond dès qu’ils ont dit oui.
Ainsi, au-delà de leur appartenance à tel ou tel groupe mythique, ce qu’ils apportent nous transporte, nous émeut, et on imagine que le public va ressentir la même chose. Associer musique et émotion profonde n’est pas devenu tabou je crois… Et un solo de James Chance ou Pierrick Pedron au saxophone c’est prenant, sidérant parfois, même chose pour les solos de guitare de Vernon Reid, Richard Lloyd ou Ivan Julian. Cela peut paraître old school, car l’idée du solo dans la musique actuelle a disparu, mais un solo, quand il est réalisé par un musicien doué et sincère, est une façon de s’ouvrir l’âme en public qui ajoute au frisson, fait partie de l’histoire de cette musique. Je précise que j’aime aussi les solos scabreux, pas forcément démonstratifs… Avec Marquis nous avons été gâtés, et ces interventions sont un contrepoint idéal aux parties de voix de Simon, ou un contrechant malin, elles donnent un supplément de sève au titre. Et Niko y va aussi de son lâcher prise dans les sillons, d’autant que sur scène c’est lui qui doit rejouer les parties à six cordes de cet aréopage de luxe. J’ai pris plaisir à faire juste un solo sur Konstanz, sur le titre chanté en duo par Elli (Medeiros). Sa participation était importante pour nous, comme celle de Denis Bortek (NDLR : Jad Wio). Il était naturel que, Simon prenant toute sa place, il n’y ait pas autant d’interprètes vocaux que sur Aurora. Mais Elli et Denis, c’était comme une évidence.
Niko, y a-t-il selon toi une différence de fond importante dans les attentes exprimées par le collectif vis-à-vis de toi et de ton apport en tant que musicien, entre Marquis et Détroit ? Qu’est-ce qui te motive dans l’idée de participer à Marquis aujourd’hui... et restes-tu susceptible d’intervenir scéniquement pour Détroit dans le futur ?
Niko Boyer (guitare) : L’important pour moi a toujours été d’être en résonance avec les projets auxquels j’ai participé. Je marche à l’instinct. D’abord, il faut que le projet me parle artistiquement, mais aussi humainement. Quand je sens que je peux faire partie de ce "quelque chose", c’est un truc assez immédiat en fait. Bien sûr, il y a des attentes de part et d’autre mais pour moi, si tu y penses trop, tu risques de te limiter, de perdre en spontanéité, en sincérité dans l’instant et d’être moins libre dans tes élans et même les accidents… bref, l’idée c’est toujours de rester authentique dans ce que tu fais et dans ce que tu es. Avec Marquis, j’ai senti assez vite que j’allais explorer de nouveaux territoires, sortir de ma zone de confort. Certains collectionnant les accords peu conventionnels – n’est-ce pas M. Darcel ?! – ça m’a permis d’aller creuser du côté de la dissonance, des sons plus âpres, de sortir quelque chose de plus sombre, peut-être plus abîmé. Les inspirations musicales des membres du groupe n’étaient pas forcément les miennes à la base, l’intérêt est aussi ici, la confrontation apporte toujours son lot de belles surprises.
J’ai toujours aimé l’idée de m’imprégner du son, de l’identité d’un projet, de sa couleur, du climat et de m’y fondre tout en réussissant à dégager des lignes de fuite. L’idée c’est de faire un tout, compact et cohérent tous ensemble et que chacun y dessine les aspérités qui lui sont propres. C’est toujours une alchimie fragile. Jouer ensemble, finalement c’est un peu comme jouer d’une seule voix et en même temps "crier au-dessus de la mêlée" (rires) !... Concernant Détroit, la seule chose que je peux dire c’est que je serais ravi de remettre le couvert avec mes comparses. L’avenir nous le dira.
Comment Marquis appréhende-t-il la suite sur un plan créatif ? Avez-vous envie, du moins aujourd’hui, pour le travail studio futur, de vous concentrer sur l’identité qui se dégage des musiciens permanents ? Ou alors, imaginez-vous plutôt poursuivre le chemin d’un Marquis d’opportunités et d’invitations ?
Frank : C’est difficile de répondre de manière tranchée. Je pense que Niko, qui ne jouait pas sur le premier album, est maintenant un élément fondamental de l’identité de Marquis. Ainsi, Simon, Niko, Éric et moi-même irons sûrement le plus loin possible dans l’élaboration des nouveaux titres, car nous avons là le noyau dur, à quatre, comme avec Marquis De Sade. Ensuite, l’envie viendra sûrement d’inviter à nouveau, nous en parlerons entre nous, mais il n’y pas de raison de se passer de ces enrichissements. Xavier Soulabial à la basse, Apolline Jousseaume aux claviers et aux chœurs, et Daniel Paboeuf au saxophone seront là aussi bien sûr, puisqu’ils sont maintenant de l’aventure sur scène avec nous.
À chaque être sa manière. Frank, comment a évolué et se caractérise aujourd’hui ton rapport à l’écriture, que ce soit en musique ou en littérature ? Es-tu un instinctif ? Ecris-tu plutôt dans des moments d’impulsion ou as-tu besoin, parfois, de passer par des moments "organisés" comme le fait un Nick Cave, par exemple ?
J’ai toujours trouvé que l’inspiration ne se manifestait pas de la même manière en musique que dans l’écriture de romans. J’ai l’impression que quand je prends ma guitare et que je laisse mes doigts aller, ils sont à la recherche de quelque chose qui préexiste, un titre qu’ils vont me faire découvrir. Pour les romans, la place laissée à l’imagination, et paradoxalement à ma responsabilité, est beaucoup plus importante à mon avis, peut-être parce qu’il existe plus de lettres que de notes, plus de mots que d’accords, et que l’harmonie, même si j’adore les dissonances, est une maîtresse plus exigeante que tous les processus de narration réunis. De fait, pour un roman, j’écris d’abord dans ma tête, j’y crée puis rencontre les personnages en marchant, ou avant de m’endormir. J’attends qu’ils aient un peu de substance, un semblant d’autonomie, puis je leur invente ou propose un avenir, et c’est seulement au bout de quelques temps que je me mets à écrire. Et là, autant pour la musique je vais pouvoir prendre la guitare à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, autant pour l’écriture de livres, j’adore cet espace entre 5 heures et 8 heures du matin qui, je l’imagine alors, n’appartient qu’à l’écrivain.
Sur la longueur du processus de création, c’est très différent aussi. Je sais qu’avec la guitare, ou parfois le piano, je vais avoir de l’inspiration pendant une semaine ou deux, et peut-être plus avant quelques mois ensuite, mais il suffit de deux semaines pour jeter les bases de sept ou huit titres, dont certains seront éliminés bien sûr au moment du tri final. Quant au roman, une fois qu’il est commencé, il abrite ma deuxième famille, que je ne dois plus lâcher pendant des mois, sous peine de voir cette petite troupe se faire la belle. La composition relève finalement d’un geste plus instinctif, dans lequel je dois apprendre à perdre le contrôle, à me laisser guider par une muse joueuse. Pour le roman, même quand les personnages semblent nourrir leurs propres désirs, je sais qu’ils ont désespérément besoin de moi…
Accoucher peut se faire vite, ou pas. Frank, même si les ressorts diffèrent fatalement, une chanson peut-être aussi dure à écrire pour un groupe, qu’un roman pour un homme seul ?
Ce qui est difficile dans un groupe, en particulier avec l’interprète principal, pour moi qui suis surtout compositeur, choriste investi et qui peut parfois proposer un texte de refrain, voire une un ou deux couplets en plus, c’est de fondre les apports de chacun. De faire en sorte que mes apports s’imbriquent avec ce dont a envie le frontman, avec ses propres propositions créatrices. C’est un art difficile cette collaboration, essentiellement à deux pour l’écriture d’un album. Mais ça rend le projet excitant aussi, et c’est bon de se dire ensuite, comme avec Konstanz : on a fait ça ensemble, et ça nous plaît vraiment à tous, et on s’entend vraiment bien avec Simon de ce point de vue-là. Nous avions la même sensation avec Philippe à l’époque, même s’il nous a fallu à tous les deux un long moment, plus de trente-cinq ans, pour nous dire que Rue De Siam était un bon album (NDLR : nous, il nous a fallu une heure, et encore)… C’est peut-être aussi là le rôle des invités prestigieux dans Marquis, qui nous invitent à nous dépasser, à oublier un peu les égos.
Avec le roman, je suis, au moins jusqu’aux propositions de corrections de l’éditeur, seul maître à bord. Le processus est long, ingrat parfois, surtout quand il y a besoin d’une documentation importante et pointue comme pour mes deux derniers romans, mais bon dieu ! ce que c’est bon d’être seul parfois… (rires)