"Adieu à tout ce que l’on connaît". Titre prémonitoire s’il en est ! Espérons en tout cas que rien ne sera plus vraiment pareil et que nos dirigeants en tireront quelques leçons ? L’optimisme n’a jamais fait de mal à personne, n’est-ce pas ? Mais il n’est pas forcément le fort de Matt Elliott, ex-Third Eye Foundation qui sort aujourd’hui même son septième album sous son nom propre, pour l’instant sur les plateformes numériques et en VPC.
Pas aussi atrabilaire et tire-larmes que Drinking Songs (son meilleur ?), ce disque n’en demeure pas moins dans la lignée des œuvres solo de l’artiste originaire de Bristol mais exilé en Lorraine. Sa musique, bizarrement, ne rappelle pas du tout les gueules de bois au bord de la rivière Avon ou sur le pont suspendu de Clifton, ni le confinement glauque en Meurthe et Moselle. On pense plutôt étrangement à un Leonard Cohen des Balkans. La voix grave et profonde et les mélodies délicates typées alt-folk de Matt Elliott, toujours du plus bel effet, ont plutôt tendance à réchauffer le corps et l’esprit comme avec une bonne rasade de Rakija, cette eau de vie accélératrice d’émotions. Parfois, ses chansons évoquent même des atmosphères d’enterrement mafieux. En effet, on se croirait parfois dans Le Parrain lorsqu’un un membre de la famille se fait inhumer.
Farewell To All We Know n’est pas un disque facile, il manque sans doute de titres franchement accrocheurs comme sur certains précédents disques de l’Anglais. Il peut même avoir tendance à être un poil soporifique, à la première écoute. Tout comme avec la Rakja, la première lampée peut donc sembler un peu raide. Aux suivantes, les divers parfums crépusculaires peuvent enfin se diffuser dans la poitrine et rayonner puissamment pour une irradiation de toutes vos cellules malignes. Ou pas…