La pochette est élégante et c'est déjà un bon point de départ. La photographie signée Astrid Serck prépare à un imaginaire fort avec ce garçonnet de marbre qui tend vers nous son crabe ; un peu de la beauté des pochettes de U2 que furent Boy et War.
La voix du Norvégien Trond Fagernes oscille entre des résurgences de The Jesus And Mary Chain (la diction sur "Goldmine" par exemple) et de Follow Me Not (le mixage et la douceur non feinte, écoutez "Swallow"). La tonalité d'ensemble est à un rock cold, avec un poil de jeu garage-surf et gothique. Lorsque la basse est davantage présente, la formule dégage une force intéressante et plus moderne ("Sacred Core"), servie par le mixage de l'incontournable James Aparicio sur une poignée de titres.
Non agressives, les compositions privilégient une ambiance faite d'élégance grise et de délicats tourments ("Swallow"). Le résultat est original : sans être renversant, Mayflower Madame dégage facilement un capital de sympathie fort. Peut-être aussi que leurs beaux chapeaux, confectionnés par le guitariste Håvard, leur donnent une petite touche de style en plus...
Les guitares savent virevolter quand c'est nécessaire (le très bon lancement de "Ludwing Meiner"). Quelques tournures plus noires, lors des ponts de ces morceaux au format très classique, donnent de la profondeur. Progressivement, on s'attache à repérer ces moments plus angoissants, comme "Never turning (in Time)" où la composition semble hésiter, créant une ambiance sournoise. Il y a également "The Night before", un peu court, mais qui attire irrésistiblement dans une dimension qu'évoque aussi Bauhaus (celui des titres à ambiances que sont "Hollow Hills" ou "Saved"). Des couches supplémentaires apportent un éclairage plus personnalisé ; les sonorités de cordes en toiles de fond de "A future Promise" et le démarrage électronique de "Goldmine" en font partie, signées par Kenneth Eknes aux claviers.
Ce deuxième album (en plus d'une démo et d'un EP quatre titres en 2018) positionne Mayflower Madame hors de son pays. Deux clips ont été réalisés (eux aussi par Astrid qui a signé la pochette) et la signature par trois labels (dont deux français !) permettra une exposition plus large à une musique taillée pour satisfaire pas mal de monde.