L’espace… Horizon infini où se déploient les rêves, les espoirs et les mouvements stellaires. Depuis notre bonne vieille Terre nous tentons d’établir une communication avec cet univers lointain qui nous surplombe… Certains y parviennent, tissant un lien obscur avec l’au-delà à travers leur art. C’est le cas de Michael Stearns, compositeur iconique de l’avant-garde cosmique. Son regard est doux et pénétrant, il scrute la stratosphère, cherchant la réponse ultime à nos questionnements existentiels. Serait-ce "42" comme le suggère le voyageur galactique ? Cette quête est éternelle et s’illustre pleinement sur Planetary Unfolding.
Réédité cette année par Projekt, ce disque sort originellement en mai 1981. La vague spatiale allemande laisse des traces. Stearns se saisit du synthétiseur modulaire Serge pour exprimer alors sa vision. Ces six mouvements optent pour une forme ambient limpide, mais non dénuée d’aspérités (cf. « “In the Beginning…” », « “Toto, I’ve a Feeling we’re not in Kansas…” »). L’aventure est totale, l’aspect cinématique de la musique de l’Américain est audible sur « “In the Beginning…” » et « Life in the Gravity Well ». L’atmosphère rendue ici est farouchement onirique, relaxante, anticipant de deux ans le canon du genre de Brian Eno, Apollo. Ancré dans son époque, l’album n’échappe pas aux tonalités new age (« “In the Beginning…” », « Life in the Gravity Well », « As the Earth kissed the Moon »), rappelant Deuter par moments. D’ailleurs, d’autres grands noms germaniques sautent à nos oreilles au détour d’une cavalcade épique et éthérée particulièrement languide : Popol Vuh/Ashra sur « “Something’s moving” » ou encore Klaus Wiese sur « Life in the Gravity Well ». Si la pulsation n’est pas totalement absente (« “Wherever two or more are gathered…” », « Life in the Gravity Well »), l’ensemble se distingue par ses aplats soniques puissants et enivrants. Le musicien perpétuera cette signature esthétique tout au long de sa carrière avec le succès que l’on sait.
