On se réjouit d'entrée de jeu de voir Minuit Machine signées par le label de Rebeka Warrior (Sexy Sushi, Mansfield.TYA, Kompromat) car c'est une reconnaissance autant qu'un adoubement. Bien sûr, le label Synth Religion d'Hélène de Thoury a une identité forte et avait réussi à porter en pleines lumières le dernier album en date (Infrarouge, 2019). Mais Hélène travaille aussi à son merveilleux Hante. (album Fierce, 2019, là aussi sur le label maison) et la dépense d'énergie que nécessite la gestion d'un label trouve une solution adaptée avec cette sortie chez une grande sœur de cœur. De plus, l'aura de Rebeka va sans doute aider à passer un cap en notoriété.
On avait quitté le duo Minuit Machine (Stioui / de Thoury), non pas sur un album, mais sur un excellent live de confinement, Sainte Rave, encore visible sur Youtube. Avec ce trois titres, les corbacks post-2010 signent une belle carte de visite. Même sur "Sisters", titre le plus cold (et notre préféré) des trois placé ici, les rythmiques sont sourdes et profondes. Elles ont visé un effet club décoiffant, parfois un peu trop visible de prime abord par rapport à la grâce qu'avaient Violent Rains (de Minuit Machine) et This Fog That Never Ends (Hante.). Le revirement est bien audible sur le titre initial "Basic Needs", puis sur l'allant de "Vanity".
Il reste que les écoutes attentives montrent que rien n'est oublié et que le duo ne se renie pas, mais évolue encore un peu. Ainsi le démarrage de "Vanity", ses plaintes qui alternent avec des voix murmurées et le soin porté aux sons et à leur densité montrent un savoir-faire qui va au-delà de la machine à danser. Certes, on garde un esprit très pop années 1980 dans la confection des mélodies et les jeux sonores, mais avec une fougue EBM plus technophile et la mise en avant d'une fragilité et d'une douceur mélancolique qui donnent à ce projet tout son cachet.
Le format EP est donc bien pe(n)sé, avec une rapidité d'écoute qui fera gagner des auditeurs. Une sortie express permet aussi de combler les agendas et de ne pas se faire oublier. Il serait plus que dommageable que notre nouvelle garde electro-cold pâtisse trop longtemps d'une situation sanitaire insupportable. L'envie de danser et de partager, même les pulsions sombres, se fait désormais pressante. Il s'agit dès lors de ne pas rater le coche et de soutenir au plus vite des talents maintenant installés.