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Album
21/03/2025

Minuit Machine

Queendom

Label : Synth Religion
Genre : electro cold
Date de sortie : 2025/03/21
Note : 78%
Posté par : Sylvaïn Nicolino

Bienvenue dans le Royaume de la Reine Amandine Stioui. Elle assure seule la maternité de cette œuvre forte même si elle invite quelques copines de cœur ; ainsi Rebeka Warrior qui cosigne "Mes Souvenirs" et le place directement dans son escarcelle Mansfield.TYA / Kompromat avant qu'Amandine ne réussisse le tour de force de ramener ce titre à l'univers de Minuit Machine. On note aussi un regard de Lloyd Philippon pour "Cent Fois" et la connivence avec Samuel Berdah pour le mixage et le mastering.

On retrouve les formules évidentes, tel le single "Hold Me", pop électronique musclée, au refrain qui magnifie la voix chaude et émouvante, avec déjà des passages un peu plus variété contemporaine. "I don't give a Damn" ressuscite aussi l'ancienne version de Minuit Machine, avec la voix qui monte en vulnérabilité sur la fin. Et "Shifting" enchaîne, comme si c'était l'an dernier qu'était sorti l'album Violent Rains. Un son plus cuivré et nasillard forme le crochet de ce titre élégant.

Une série de titres s'inscrit dans la lignée technophile que le duo avec Hélène de Thoury s'était donné comme horizon depuis l'excellent live Sainte Rave capté durant le confinement. Toutefois, cette escapade sur "Cent Fois" est doublée d'un paysage plus abordable, avec encore des incursions dans la variété et la facilité sucrée. Le format étonne, perturbe et fascine finalement. Amandine est jeune et ne veut surtout pas s'enfermer dans un rôle (lire les paroles de "Hold Me") ou un spectre sonore. "Créatures" (avec RAUMM) s'amuse aussi à casser le rythme et sans les classiques montées, parvient à unir l'introspection et l'explosion. Là encore, ça fait sens avec les paroles de "Party People" qui condamnent un hédonisme de suiveur qui détricoterait le vrai Moi.

Cette recherche dans tous les sens crée des morceaux qui varient et se modifient en direct ; au moment où je me dis que je ne sens pas "Denied", son final finit par me captiver et m'oblige à le réécouter. Et il y a ces liens entre les textes et les musiques qui en font presque un concept-album sans le côté tape-à-l'œil habituel.

Le travail sur les sons est précis, permettant de profiter d'idées qui sont menées à terme, comme ce rythme trépidant de "Party People" ou encore la construction en empilements de sons sur le languide "Mes Souvenirs". Les harmoniques magnifient chacun des titres, venant avec parcimonie, souligner une émotion ("Party People"). Sur "Underworld", les volutes au clavier sont l'échappatoire rêvée d'un morceau en demi-teinte, entre désespoir et main tendue. L'Autre, l'absente ou l'absent est là, derrière plusieurs morceaux ("Cent Fois", "Denied"), mais de ces chutes, Amandine fait des rebonds, minutieux, irrépressibles.

Tracklist
  • 01. Hold Me
  • 02. Cent Fois
  • 03. Party People
  • 04. Denied
  • 05. Mes Souvenirs (avec Rebeka Warrior)
  • 06. Queendom
  • 07. Créatures (avec RAUMM)
  • 08. I don't give a Damn
  • 09. Shifting
  • 10. Underworld