Les tourneries technoïdes de Menomic vous emportent loin, à moins qu'elles ne vous fassent vous retourner vers vous-même. Il y a à la fois dans Mnemonik, le cru 2021, cette granulation austère et ce sens du jeu, dans les rythmes et les mélodies, qui renvoient de cette collection d’instrumentaux (ou disons, dans lesquels la source vocale joue un rôle minimal) l’image d’une substance ambiguë. Dans l’invitation à la danse ("kognition") comme dans ses aplats plus intimistes ("separat"), le douzième album du projet de Michael Belletz (premier LP officiel en 2001, débuts chez Alfa Matrix, signature plus tard chez M-Tronic) joue sur les avantages d’une production moderne (le son est patiné) pour mettre en valeur un son que le label qualifie lui-même de "vintage".
Le feeling analogique, cher au cœur du protagoniste principal (il en aime la "saleté", disait-il encore en 2018 à l’occasion de la parution d’Aversionen, déjà chez Hymen), n’est donc pas tué dans l’œuf, loin de là. Vous défaites-vous jamais de vos premières amours ? Mais c’est surtout dans l’immédiateté des mélodies que Mnemonic excelle tout le long de ce nouvel opus. L’introduction se drape de noir ("kontemplation", effluves sensuelles et légèrement anxiogènes) quand la conclusion de l’album, saupoudrée d’effets electronica, signe un design plus introspectif. Très belle collection.
