Édité une première fois en format k7 (limité) en 2014, Dilogia, tout premier album de Muhd, ressort chez Cyclic Law en formats numérique et CD. Muhd est le projet de Samuel Vaney (Fargue, Cortez, Consor), personne qui compte parmi les proches en art et collaborateurs du créateur visuel - favorablement connu - Dehn Sora (Treha Sektori). Vaney crée pour lui, mais sévit aussi pour les autres à la demande, pour diverses prestations studio (un remix abyssal réalisé pour Chelsea Wolfe, "Erde", en 2020). Un homme d’expérience.
Et le Suisse crée sur Dilogia un ensemble d’espaces réflexifs : une musique qui exige que vous ayez du temps devant vous et surtout, que vous le preniez. Les tourneries, hypnotiques, sont détaillées mais ne chargent pas la surface en effets : l’étirement des couches et l’éventuel grondement des basses font ces espaces propices au retour sur soi, dans la variation des couleurs. Mélange de positif et de négatif, de clair et d’obscur. Et un reflet vintage recouvre ces ambiances, belles qui plus est : les scintillements et échos floydiens de l’introductif (et superbe) "Severing" suggèrent, comme l’ultime "Kychtym", une quête spatiale. "Kychtym" épaissit son final par des noirceurs charbon, ce qui ne saurait figer l’image et laisser de Dilogia le souvenir d'un tout-noir anxiogène. La vie, c’est plus mélangé non ? Une collection tout en dégradés, subtile et complexe.