Après des années dures à gérer (état de santé difficile pour la petite fille du chanteur Aaron Stainthorpe, groupe dans l’attente du retour de l’envie de son charismatique frontman), My Dying Bride affiche en cette année 2020 une santé créative exceptionnelle. La réduction des effectifs (Calvin Robertshaw de nouveau dehors depuis 2018) a fait assumer les nouvelles guitares au fondateur Andrew Craighan, et la charge, sans jeu de mots, était lourde.
Bien en a pris au groupe. Le résultat est une splendeur identitaire : les armatures du dernier format long The Ghost Of Orion, élan créatif embrassant ce nouvel EP, sont confirmées dans leur faste à travers les morceaux restés inédits sur l’album et formant le menu présent. En 2020, My Dying Bride ré-axe son doom metal sur le fil rouge d’une puissante mélodicité. Difficile de dire à quel point les récentes épreuves de vie ont affecté le chant de Stainthorpe, mais il nous est aujourd’hui difficile de trouver un enregistrement où la densité émotionnelle de sa voix soit comparable. Les contenus de Macabre Cabaret se portent à ce sujet précis au même niveau que ceux du précédent opus ("A secret Kiss" : l’union avec le démon est-elle libératrice ?) ; et My Dying Bride, outre la phénoménale réussite des titres à guitares, apporte un complément informatif tout aussi pénétrant – et d’importance, donc – dans la définition de son corpus stylistique avec la conclusion ambiante de l’EP : "A Purse of Gold and Stars", piano et spoken word, offre une autre dimension du sépulcre des Anglais de Bradford. Une réussite contrastant avec le reste des formes du mini-album et qui nous semble supérieure, assez largement, à ce que le groupe tenta dans le domaine de la création climatique avec l’ancien album de remakes Evinta, récemment ressorti en édition vinyle augmentée pour les trente ans du groupe. 
Année si étrange : de la privation de concerts, d’un surgissement du sublime dans l’exposé de style. À l’écoute du premier titre de The Ghost Of Orion, nous le sentions et notre sentiment s’affermit en cette fin 2020 : après toutes ces années à rechercher la vérité d’une émotion dans les lenteurs sourdes du metal, il est possible que nous tenions, en 2020, l’une des incarnations les plus fortes de My Dying Bride.
