Cinq ans. C’est le temps qu’il aura fallu à My Dying Bride pour parvenir à nous présenter ce nouvel album, The Ghost Of Orion. Cinq années mouvementées pour le groupe anglais, marquées par des changements de line-up, des épreuves douloureuses pour le chanteur Aaron Stainthorpe et le départ de Peaceville, le label historique, pour le mastodonte allemand Nuclear Blast.
On pouvait se demander comment aller sonner ce nouvel album et comment il allait s’intégrer dans une discographie déjà riche mais peut-être un peu mois inspirée depuis quelques années. "Your broken Shore", premier extrait de l’album, vient rapidement balayer les doutes : les guitares lourdes mises en avant qui se marient à merveille avec le violon, l’alternance bien dosée entre la voix claire et la voix death d’Aaron et la mélancolie qui irrigue le morceau en font un classique instantané. La même lourdeur se dégage de "To outlive the Gods" où, encore une fois, le violon fait la différence et apporte une bonne dose de frissons, tout comme sur "Tired of Tears", titre empreint d’émotion. "The long black Land" renoue avec l’agressivité avec la prégnance de la voix death d’Aaron, un long morceau de bravoure dominé par la lourdeur des guitares et la batterie. Puis c’est au tour de "The old Earth", qui débute en douceur avant que les guitares n’arrivent et que la rage ne se déverse progressivement au fil du titre.
Les longs passages instrumentaux présents sur la plupart des titres et l’omniprésence du violon font vraiment la différence sur cet album. Il contient également trois plages plus courtes qui font la part belle aux instruments. C’est le cas du quasi mystique "The Solace", qui contient seulement quelques lignes de chant féminin. Sur "The Ghost of Orion", la douceur de la guitare prédomine, et surtout "Your Woven Shore", morceau final d’une beauté déchirante - comme seul My Dying Bride en a le secret – sublimé par la présence d’un chœur et par celle des cordes qui viennent pleurer à la fin du titre. Une fin magistrale (NDLR : et reprenant le thème de "Your broken Shore") que l’on aurait aimé un peu plus longue.
The Ghost Of Orion est sans doute l’album qui se rapproche le plus de l’équilibre si difficile à trouver entre le doom-death qui a fait la renommée du groupe et le doom plus mélancolique qui s’est installé depuis A Line Of Deathless Kings (2006). Même si Feel The Misery (2015) revenait un peu aux racines death du groupe, ce nouvel opus contient le supplément d’âme qui fait les grands albums, parce qu’enfanté dans la douleur.