C'est un fort sympathique trois titres qu'avait sorti il y a plusieurs mois Bernard Collot sous le nom de N.A.N. (pour Not A Number). Désormais cette autoproduction bénéficie du soutien d'un label et se développe sous format cassette ces jours-ci.
Le démarrage d' "In Summertime" évoque en clin d'œil la ligne de synthé de "A strange Day" de The Cure ; la chaleur de la voix sur le premier couplet de "Black Water" renvoie à Depeche Mode ; mais les comparaisons s'arrêteront là... En effet, la référence aux années 1980 qui submerge ces titres est plus englobante et la mélancolie fortement présente ne cède jamais à une noirceur trop intense. Les lignes claires des guitares, les tempi lents et l'ambiance générale donnent dans le drapé plus que dans la révolte. Les envolées du chant convoquent plutôt une new wave héroïque rapidement ravalée dans ses tourments intimes. C'est élégant, précieux parfois, notamment avec le chant de "Run again", maîtrisé dans sa sensualité.
Malgré des idées plus neuves, comme ces guitares rugueuses qui accompagnent avec discrétion la deuxième partie de "Run again", le résultat forme une carte de visite propre, soignée et réfléchie. C'est très intéressant mais, à mon sens, il manque, malgré des mélodies travaillées et des structures bien composées (des variations mélodiques qui font sonner l'ensemble), une pointe de plus grande originalité, dans les sons ou bien dans l'angle d'attaque pour que le projet se fasse une place.
On conseillera donc une prise de risques plus grande sur les prochains titres : la tessiture de la voix et le plaisir pris à jouer ne peuvent que pousser dans ce sens. Un album est en préparation.