Exorcisme : depuis belle lurette, le grand écran ne compte plus ses opus thématiques. Le film de Steve Lawson (Aura - The Exorcism Of Karen Walker [Hereford Films, 2018] avec notamment Rula Lenska, Shane Taylor et Jeanine Nerissa Sothcott) s’est fondé sur concept de la photographie Kirlian (processus de capture de la dimension visible des auras visibles des êtres vivants) pour déployer son attraction horrifique.
Diversement apprécié, Aura a bien évidemment sa bande originale. Neil Chaney (Obliteration, Pessari, Satori) en est le responsable, et il a fait dans le minimalisme : piano en suspension, très peu de notes, suspendues au fil du danger. Les cordes rampent ("Family Secret"), dans cette retenue qui vous fait ressentir la menace, d’où qu’elle vienne. Suggestion de la possession. C’est un ensemble immersif, marqué par une forte unité de style, une tonalité maîtrisée. Pas simplement une collection de choses, petites capsules d'angoisse - une œuvre en tant que telle.
La force de Chaney réside en la suggestivité de ses sculptures sonores, leur minimalisme du raffinement. Certaines phases s’inscrivent dans un dark ambient de facture classique ("Asylum Visit") mais Chaney garde à l’esprit un impératif de mouvement et enrichit les reliefs au besoin. Les épaisseurs de la bande originale, angoissantes, opèrent à plein : la fin d’"Asylum Visit", pour rester sur lui, témoigne de la volonté cinématographique de cet artisanat, au même titre, et de manière au moins aussi démonstrative, que les secousses telluriques qui marquent la composition suivante, "Nightmare", ou encore le court "Blood Vision".
L’ensemble forme un bloc stylé, renvoyant à la perte de contact avec soi. Plus fort que le film lui-même ? Regardez-le, et envoyez-nous votre avis. Masterisation de la B.O. signée Martin Bowes, maître d’Attrition et prestataire de service régulier de Cold Spring.