Gros virage synthétique pour Night Sins, le side-project de Kyle Kimball, batteur du groupe shoegaze américain Nothing. Pour son quatrième album, les références appuyées aux Sisters Of Mercy sont oubliées et la nouvelle direction est clairement influencée par Depeche Mode période Violator. Fini les voix caverneuses à la Andrew Eldritch, désormais le chant est clair - parfois même chuchoté - et les guitares ont été délaissées au profit des synthés.
Mais alors que vaut le nouveau son de ce Portrait In Silver ? L’écoute du premier single "Annihilator" est plutôt convaincante, le côté synth-pop assumé se mêle assez bien aux influences indéniables du Pretty Hate Machine de Nine Inch Nails. Avec son beat infectieux et ses synthés glacés, on tient le tube de l’album. On retrouve également le côté indus sur le titre "For People like us" à l’atmosphère sombre et au refrain efficace. L’album a un fort potentiel dansant, on retiendra "Lonely in the Mirror" et "Breathe", deux titres nocturnes qu’on dirait tout droit sortis des 80’s. C’est lorsque le rythme ralentit que l’album nous perd. Le chant manque aussi, parfois, de conviction ("Daisy Chain", "Hot Dose"), les mélodies ne sont pas toujours mémorables et les titres qui se veulent plus dans l’émotion comme "Portrait in Silver" laissent finalement un peu froid.
Bilan mitigé donc. Le tournant synth-pop s’était déjà fait sentir sur Dancing Chrome (2017) mais celui-ci arrivait à maintenir un équilibre avec les racines goth à l’origine du projet. Avec un single aussi réussi qu’"Annihilator" on ne peut s’empêcher de penser que la fusion synth-pop/indus aurait sans doute mérité d’être plus développée sur le disque. Finalement, il manque à ce Portrait In Silver une touche véritablement personnelle. En tout état de cause, il n'égale pas ses influences.