Le collectif hollandais incluant Peter Johan Nyland est de retour après Etmaal (2018) avec cette seconde offrande : vingt-et-une minutes découpées en trois rituels partiellement improvisés à partir de principes de composition. Par ses articulations / superpositions d’ambiances et d’hypnoses rythmiques, O Saala Sakraal bâtit trois micro-univers expérimentaux et exotiques, propices à un sentiment de voyage intérieur autant que dans l’espace.
Le profane, toile de fond. L’imprégnation du cortex par les canevas des croyances instituées – comprenez religions de masse, il n’y en a pas trente-six mille – est le nœud que veulent défaire les Hollandais par œuvre de son : par l'entremise d'un (soigneux) artisanat climatique, ils aspirent à créer une solution distancielle pour "le nettoyage et l'expulsion de la corruption métaphysique dogmatique". Leurs sculptures ambiantes se méfient de la lumière ("Moth Melismata: Photophilia"), la production d’art ambitionnant une "tentative de restauration d'une condition primordiale"… ce qui ramène à une forme essentielle de conscience, au moi profond diraient peut-être certains. C’est un son de contrastes, de repli et de redéploiement. Un son libératoire.
Heven a pour autre force que celle de son intention, son étrangeté plastique. Les rituels vous prennent physiquement dans leurs phases incantatoires (le final d’ "Apokastasis") et leur résonance intérieure, pour peu que vous vous ouvriez à ces circonvolutions, est abyssale. Une expérience auditive et sensorielle singulière.