2011-2021 : une décennie s’est écoulée… Kim Larsen a pris le temps de faire mûrir cet album. Car depuis le magnifique The Lone Descent, point de long format original pour Of The Wand And The Moon (sans le deux-points maintenant). Néanmoins, le Danois nous avait tout de même mis en appétit il y a deux ans avec la compilation Bridges Burned And Hands Of Time. Mais reconnaissons que le barde barbu n’a pas chômé durant cette période, multipliant les projets et les tournées. C’est donc avec un plaisir inouï que nous découvrons ce Your Love Can’t Hold This Wreath Of Sorrow, composé de dix titres. Et l’évolution musicale est plus que manifeste !
Larsen s’impose toujours comme un conteur sensible, renforcé par l’expérience. Un certain éclectisme imprègne le disque. Le neofolk classique ouvre le bal ("Whispers of the Past", "Your Love can’t hold this Wreath of Sorrow"), les accords répétitifs typiques se promènent le temps de ces chansons languides. On perçoit la voix profonde de King Dude, collaborateur antique (souvenez-vous du split de 2010 avec le side-project de Larsen, Solanaceae) et l’ajout d’une trompette. L’instrument confère d’ailleurs à l’opus une teinte jazzy plutôt heureuse, renvoyant aux heures les plus groovy de Death In June. Mais il s’agit aussi du témoignage de la volonté de Kim de s’écarter de plus en plus du strict cadre dark folk ; un virage déjà amorcé sur The Lone Descent.
Ce cru 2021 pourra donc dérouter les fans du musicien. En effet, il s’inspire ici de certaines sonorités des années soixante/soixante-dix. Une configuration psychédélique voire sunshine pop apparaît ainsi sur "Love is made of Dreams" et "Nothing for me here". Mais ces good vibes camouflent en quelques minutes un mal-être et une mélancolie qui surgissent aléatoirement. L’emphase peut être de rigueur et le romantisme éclate dans un déluge de cordes sur "Your Love can’t hold this Wreath of Sorrow", "Les Journées sans Fin et les Nuits solitaires", "Williamsburg Bridge". Cette tension mélodramatique évoque Lee Hazlewood ou Scott Walker. Enfin, des détours noisy sont empruntés de façon fugace, notamment sur "Fall from View", vignette power electronics que ne renierait pas son groupe annexe, Vril Jäger. Kim Larsen trône encore, une sorte de Leonard Cohen scandinave donnant un relief inédit à sa créature mythique, oubliant quelques fondamentaux attrayants, tout en réussissant à conserver sa crédibilité.