Vingt ans… Déjà vingt ans que Kim Larsen mène sa barque dans les eaux profondes de la neofolk… Une carrière exemplaire à tous points de vue, qui a permis au genre de se revivifier. Ce disque tombe à pic tant on commençait à se lamenter de la relative frugalité des sorties du groupe (rappelons que The lone Descent, le dernier opus studio, date de 2011). Mais le Danois est un musicien très occupé, gérant en parallèle Les Chasseurs De La Nuit, Vril Jäger et White Chamber, duo formé avec Iver Ask Overgaard. Nous l’excusons donc amplement, d’autant que le bonhomme tourne beaucoup (on se rappelle notamment de son passage au Petit Bain de Paris en 2017).
Il est agréable de (re)découvrir ces seize morceaux, parfois méconnus, que l’on peut trouver sur divers sept pouces limités, hommages à d’autres artistes ou collaborations. "A Funeral for Solange" est par exemple un titre insolite, car il a été composé pour l’album Deathtrip 69 (2011) du groupe de… death metal gore Necrophagia ! Certaines pistes dépoussiérées valent le détour comme "Times out of Reach", merveille de mélancolie portée par des accords de guitare délicats et l’harmonium de Sarah Hepburn. Une véritable berceuse funèbre.
On retrouve aussi avec bonheur "A Cancer called Love", bonus audio du Live At The Lodge Of Imploded Love et qui bénéficie d’un clip spleenesque constitué d’images de Paris, Texas. Les expérimentations sont aussi de la partie, débordant du seul cadre folk acoustique. L’aspect rituel/dark ambient pointe son museau maléfique sur "Death Rune" et "Benediction Malediction" (reprise de Current 93). Ce qui ressort est toujours la voix chaude de Larsen, conteur du désespoir, invocateur de runes, maître absolu de son art. Si Death In June reste une référence incontournable, on retrouve des éléments de King Dude ("Hold my Hand"), Mark Lanegan ("I called your Name") ou des passages psyché ("Caught in Winters Weave"), cette dernière inspiration étant d’ailleurs pleinement assumée. Ce murmure suave, cette émotion si simple, magnifiée par des spoken words élégants ("Death Rune", "A Cancer called Love"), quelle beauté… Parfois, le tempo s’accélère ("I called your Name", "Sól ek sá"), rappelant les meilleurs moments du side-project Solanaceae. Ainsi, :OTW&TM: parvient à transmettre des sentiments puissants avec peu de choses. Les motifs sont répétés, l’aspect mélodique romantique prime et c’est dans les instants les plus tendres et dépouillés que le musicien nous cueille pleinement : "Times out of Reach", "Shall Love fall from View?", "Caught in Winters Weave", "Shine black Algiz". On retiendra aussi les versions alternatives de morceaux iconiques du projet : "I crave for you", agrémenté du violon de Matt Howden (bien que nous préférions la version d’origine du premier album, Nighttime Nightrhymes), "In a Robe of Fire" et "Sól ek sá".
Un panorama donc plutôt complet, varié et représentatif du combo. : must have pour les complétistes et ceux qui veulent se familiariser avec l’univers riche et évocateur du sieur Larsen.