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Album
31/05/2022

Ordo Rosarius Equilibrio

Nihilist Notes (And The Perpetual Quest 4 Meaning In Nothing)

Label : Out Of Line
Genre : martial / neofolk / orchestral music
Date de sortie : 2022/05/20
Note : 85%
Photographie : ORE live @ WGT 2017 | K. Nachtland
Posté par : Emmanuël Hennequin

La martialité, sévère, et cette transparence mystérieuse des guitares : vibrations que sempiternellement vous rapportez peut-être aux soubresauts de la vie d’Ordo Rosarius Equilibrio. Et puis il y avait leur substance : exploration des obsessions, dévoilement de l’intime, ténébreux érotisme. Les êtres deviennent le produit de leur époque s’ils la laissent trop faire et le projet suédois s’imprègne aujourd’hui, fort, de l’atmosphère du temps. De cette "désinformation (…) devenue le nouvel évangile." Confusion des esprits et fuite des cerveaux sous le déluge de la donnée et de l’information : en ce monde dépeint de manière anxiogène, celui de l’instantanéité, prend pied une musique qui veut camper sur ses fondamentaux tout en se donnant de nouvelles épaisseurs. Comme si dans la dissolution du signifiant et les superficialités du consumérisme et de l’instantanéité érigée en droit/culte, fustigées par le groupe, il devenait plus nécessaire que jamais de prendre distance (hauteur). Affirmer identité, pour mieux se retrouver peut-être. Force personnalité, ode à la subjectivité : ORE fait œuvre de conviction, dans l’éclat de choix qui s’affichent, s’assument et provoqueront la sensation. Puissance évocatoire. À l’auditeur d’investir l’offrande, y dénicher sens et valeur(s). 

La formation neofolk, quoi qu’il arrive, n’a jamais abdiqué. Et alors même que ses premiers opus s’auréolent d’un statut culte, le groupe n’a sans doute jamais mieux écrit qu’aujourd’hui. Cette année, il y a chez Pettersson & co. un renouvellement de l’ambition orchestrale et une épaisseur cinématographique inédite. Les guitares la mettent en veilleuse, mais ORE redouble de force hypnotique. Pettersson a pu qualifier ces formes d’"impitoyables", et il ne mentait pas sur la marchandise. Les chansons faisant le menu de Nihilist Notes (And The Perpetual Quest 4 Meaning In Nothing) s’avèrent parmi les plus pénétrantes et entêtantes de tout le fond de catalogue.

Si le travail visuel a aujourd’hui quelque chose de plus Out Of Line que CMI (sentez notre pointe de regret, même si la nature veut que tout change), voici collection de petits joyaux orchestraux. Tomas & co. enfilent les perles, et c’est peu de le dire. Profondeur des climats, sévérité de la frappe ("I remember, the perpetual Search for the Meaning in Nothing" ou "In the Skies that burn there’s no Refuge 4 Man", boucles obsédantes), mélodies de chair et de tension ("I set Fire to Cathedrals, with the Flame inside my Heart", "How I paint the World in Flames 4 You"), pas d’autre terme que "splendeurs" pour imager ces formes volontaires, pour ne pas dire impétueuses. Les guitares, le cas échéant, viennent les auréoler de leur cristal ("Every Fiend I have lost and Friends abandoned"). Et s’il le faut, si le supplément est nécessaire, Pettersson ira chercher dehors ce qui manque. Au besoin, prenons un exemple, ce raclement de gorge pour le supplément guttural, contrastant avec l'incantation rentrée de Pettersson : c'est la participation de Thomas Martin Ekelund [Trepaneringsritualen] à "Sing to my Enemies, and those who did not make it". Ailleurs, vous retrouverez même Peter Bjärgö (Sophia, Arcana). Les qualités des intervenants disent beaucoup de ce qui, ici, se réalise. Un sens du parfaire.

Si la martialité de l’essai éclate aux oreilles, ORE reste des plus ferme dans son intention orchestrale. En elle, l'essai trouve sa profondeur ; et la réussite est pleine et entière : le pouvoir de suggestion de ce son, addictif, atteint de nouveaux sommets. Une collection marquée par une forte unité de ton, et dont la transposition live promet puissance et volupté en effluves. 

Tracklist
  • I. Nothing, Nada, Null
  • II. I set Fire to Cathedrals, with the flame inside my Heart
  • III. How I paint the World in Flames 4 You
  • IV. I remember, the perpetual Search for the Meaning in Nothing
  • V. Let’s forsake your Peace, and embrace my War
  • VI. In the Skies that burn there’s no Refuge 4 Man
  • VII. Sing to my Enemies, and those who did not make it
  • VIII. To the Gods that kill and forever will
  • IX. Never shall the Stars be touched or the Roses fall
  • X. Of all the Pearls we cast to Swine
  • XI. The Sins that I did, and all the Sin I’ll ever do
  • XII. Every Fiend I have lost and Friends abandoned
  • XIII. Somewhere there’s a Cross that won’t defile you