Originaire de Jönköping / Göteborg, Pale ouvre ses dynamiques. Au fil de ces sept armatures sonores oppressantes, les variations des voix jouent un rôle d’importance : d’abrupte mélodicité ("Break of Dawn", "Path of Flames") et de charbonneuse déclamation ("Empty Gaze", "Bottomless"), le souffle rauque glisse vers le growl et souscrit à la dureté des concoctions. Ces variations dans la rocaille du chant (discrète posture chantée) participent à créer l’effet d’un bloc uni, sans qu’il souffre de linéarité. Effet de profondeur : les nuances du noir.
Il y a une recherche dans Where The Silence Speaks. Pale, dont l’art se nourrit des dimensions négatives de l’existence (angoisse, souffrance, conscience de la mort), gagne une dimension filmique et son physique se fait particulièrement impérieux lorsqu’il opte pour une approche martiale ("Bottomless"). Quant à elles, les boucles descendantes de synthés formulent substrat de noirceur. C’est la dimension déprimée du son ("Chains of Steel").
En donnant suite à l’EP Beyond The Pale avec cette très, très ferme collection de six titres (plus qu’un mini-album : environ trente-cinq minutes de musique), le quatuor – dont l’un des membres est connu pour les frasques electro / indus signées Sanctum depuis 1994 – formé par Emma Ekered, Christina Blom, Håkan Paulsson (c’est lui), et Joakim Engström, affirme sa signature et couche en mode low/mid tempo de nouvelles lettres de noblesse. La puissance peut exploser dans sa retenue : Pale garde le meilleur pour la fin (le titre éponyme rassemble moult qualités constatées au fil de l’eau) et Where The Silence Speaks forme un nouveau jalon. Rien ne dilue le noir, et la pression monte.
