Angel Tears In Sunlight est un album posthume. En effet, Pauline Anna Strom est décédée en décembre dernier et nous lui avions d’ailleurs rendu hommage. Cette compositrice américaine, née aveugle, avait acquis un statut culte au sein de la communauté new age dans les années quatre-vingt. Depuis sa tanière de San Francisco elle avait perfectionné un style synthétique planant, au même titre à certains égards que ses "sœurs" Suzanne Ciani et Constance Demby. Elle s’est ensuite retirée du milieu de la musique.
Plus de trente ans après cette retraite, voici donc que paraît ce nouvel opus chez RVNG Intl. Cette collection de neuf morceaux nous ramène aux glorieuses heures d’une electro spatiale où le synthé analogique était roi. Ainsi, quelques éclats dignes de Jean Michel Jarre sont décelables sur "I still hope" et les nappes lumineuses de "The eighteen beautiful Memories" évoquent indubitablement Popol Vuh (la meilleure pièce selon nous, ambient puissamment atmosphérique) ; sans parler des motifs mélodiques délicats de "Small Reptiles on the Forest Floor", qui lorgnent du côté de Cluster & Eno. 
Mais le disque ne se limite pas seulement à cet aspect éthéré. Malheureusement… La musicienne propose aussi des titres "tropicaux" qui, sans être foncièrement mauvais, sonnent terriblement datés. "Tropical Convergence" se démarque néanmoins. L’exotisme moite ici déployé est somme toute réjouissant, faisant penser à la bande originale d’un film d’aventure des eighties. "The Pulsation" (le bien nommé) s’avère au contraire assez pénible, obsessionnel et mal dégrossi, proche du versant tribal de Steve Roach. Enfin, "Equatorial Sunrise" parvient astucieusement à la fusion entre rythme caribéen et pulsation Berlin School. Nous retenons également les quelques essais expérimentaux plutôt plaisants ("Temple Gardens at Midnight" et "Tropical Rainforest"), prouvant que cette grande dame maîtrisait profondément son art magnétique.
