Cris de mouettes… Torpeur… Puis la voix apparaît… Tendue, fiévreuse, elle dessine la trame de ce disque introspectif, réjouissant et maussade à la fois. L’Australienne Penelope Trappes développe un art subtil, volontiers caverneux et séduisant, honorant le féminin sacré et la puissance de l’amour. Dernier volet d’une trilogie initiée en 2017, Penelope Three est un album intense, profond, un acte de guérison pour la musicienne. Dix titres soyeux brassant divers styles et atmosphères. Des climats gothiques de "Veil", en passant par les éclats trip-hop de "Nervous" et "Red Yellow", la langueur downtempo de "Blood Moon", jusqu’aux volutes ethereal de "Fur & Feather", "Northern Light" et "Awkward Matriarch", cet opus se distingue par sa richesse et son extrême sensibilité. Évocation d’angoisses existentielles et volonté de surmonter la détresse, nous sommes puissamment happés par la poésie qui émane de cette musique. De ténèbres en ouvertures lumineuses, Penelope Three s’apparente à une quête initiatique, mystique. 
Comment peut-on exprimer pleinement sa féminité à quarante ans ? Quelle position doit-on adopter en tant que mère dans notre société ? Le chemin est tortueux, les drames surviennent, mais l’enjeu est de faire face aux doutes, comprendre à quel point la vie est fragile pour mieux l’embrasser. Le timbre de Penelope Trappes reflète cela. Sa voix douce s’obscurcit et s’efface sur "Nervous", renvoyant l’image d’une certaine Beth Gibbons, avant d’acquérir une forme de sérénité transcendante sur la splendide ballade "Fur & Feather" ou "Awkward Matriarch", pièce de clôture idéale. Ce clair-obscur constant est incroyablement intelligent. L’élégance est de mise entre guitare réverbérée, piano délicat, cordes élégiaques et beats languides. Des moyens minimaux au service de l’émotion. Menés par ce chant vaporeux et ténébreux (on pense un peu aussi à Chelsea Wolfe et Marissa Nadler), on ne peut qu’être fasciné par l’univers ouaté et mystérieux de Miss Trappes.
