Pour un long au revoir, c’est un long au revoir. Deux CDs de quarante minutes chacun : plutôt pas mal, en tout cas en termes de longueur. David Thomas, sérieusement malade, avait dû écourter la dernière tournée de son Pere Ubu. Il en avait profité pour composer cet album, pensant que ce serait le dernier.
Fan de romans noirs américains, Thomas s’inspire d’un roman de Raymond Chandler datant de 1953 avec pour héros son fameux Philip Marlowe (il y a d’ailleurs un morceau intitulé "Marlowe" sur l’album). Pour ces adieux, Pere Ubu se fait plus branque que jamais en proposant un jazz bancal, comme joué par des membres d’un asile psychiatrique. Le disque n’est pas très agréable à écouter, avec moult synthés analogiques dont les notes irritent et dissonent à loisir. Certains titres sortent du lot, tels "Road is a Preacher" ou "Flicking Cigarettes at the Sun" dont la ligne de basse rappelle vaguement celle de "Lucretia my Reflection" de Sisters Of Mercy. La comparaison s’arrête là, bien évidemment. On pense plutôt aux élucubrations les plus barrées de Captain Beefheart ou aux morceaux les moins accrocheurs des tout débuts de Pere Ubu.
Le live enregistré à Montreuil offert en bonus est sans doute plus intéressant, même s’il contient en majorité les titres de The Long Goodbye, mais dans des versions parfois plus captivantes, telle celle de "The Road ahead". Ce live n’est cependant pas indispensable. Espérons donc que ce longuet au revoir ne soit pas le dernier et que Pere Ubu nous ponde encore un album de la qualité de Carnival Of Souls, au hasard.