Pour beaucoup d’adolescents et de jeunes adultes de la fin des 90's et du début des années 2000, Placebo est associé à de nombreux souvenirs. L’immense succès de Sleeping With Ghosts a propulsé le groupe en pleine lumière : un vertige qui, paradoxalement, a rendu le groupe beaucoup moins productif. Le dernier disque, Loud Like Love, date toute de même de 2013 et n’avait pas franchement laissé un souvenir impérissable. Pourtant, à l’annonce du retour de Brian Molko et Stefan Olsdal, il y avait une pointe de curiosité à l’idée de découvrir ce que le duo avait à proposer neuf ans après.
Never Let Me Go ne démérite pas et s’impose assez rapidement comme ce que Placebo a fait de mieux depuis Meds. La voix de Brian Molko n’a pas pris une ride, qu’on l’aime ou qu’on la déteste. Placebo sait toujours composer des refrains efficaces ("Forever Chemicals", "Try Better Next Time"), arrive toujours à déployer des ambiances infectieuses ("Surrounded by Spies"), à trouver une certaine fulgurance dans les paroles, et conserve sa capacité à émouvoir ("This is what you Wanted", "Went Missing"). 
Mais l’album ne parvient pas véritablement à renouer avec le romantisme désespéré qui était distillé dans les premiers efforts du groupe (en particulier le second album phare Without You I’m Nothing), ni à imposer de titres aussi mémorables qu’un "Pure Morning" ou un "Every You Every Me".
Au final, Never Let Me Go laisse un sentiment doux-amer. Celui du plaisir de renouer avec un ami que l’on n’a pas vu – et entendu - depuis longtemps mais avec lequel on ne parvient pas complètement à retrouver avec les sensations d’autrefois. Cependant, ce nouvel opus de Placebo s’écoute avec plaisir, même s’il aurait sans doute été plus percutant avec deux ou trois titres en moins. Reste à voir s’il parviendra à passer l’épreuve du temps et à se hisser au rang de ses aînés dans le cœur des fans.
