Voici enfin l'album qu'on attendait de Pogo Car Crash Control : le titre est bon et va de pair avec le drôle de nom de leur groupe. Le son surtout est désormais en adéquation avec les prestations scéniques imposantes de ces quatre jeunes gens. Sur scène, leur mélange de genres (noise, rock sombre, grunge, hardcore métallisé en fusion comme sur "L'Ego dans les Chiottes", hardcore punkifié sur le titre bonus caché) tient par une énergie et une présence de chacun (bon, la palme revient tout de même au duo Olivier Pernot / Lola Frichet, mais les deux autres sont pourtant bien plus présents que nombre de musiciens de ces scènes).
Le disque est parfaitement produit, jouant des effets sur la voix, mettant en relief et les riffs et les ambiances. On se régale avec l'absorption de passages rockab' psycho sur "Ce Monde humiliant", le travail sur les voix (chœurs et jolies variations d'Olivier) de "L'Histoire se répète" est un équilibre entre rock dur et chanson. La musique et l'enchaînement des plans va à toute berzingue, gardant cette frénésie que le post-hardcore matheux avait su dévoiler au début dans années 2000 (Dillinger Escape Plan) mais tout en donnant des morceaux dans un format préhensile.
Alors que le groupe est fondamentalement violent (le son, les paroles, voir le titre qui ouvre leurs récents concerts : "Pourquoi tu pleures"), on pense à la joie saine qui animait Sloy, Drive Blind ou Virago le temps d'un "Qu'est-ce qui va pas ?". Pogo Car Crash Control ne fait pas semblant et joue chaque seconde à fond, sans arrière-pensée. Porté par une diffusion via Wagram, soutenu par l'équipe de l'Xtreme Fest (Albi) et tant d'autres, on s'étonne de ne pas voir le groupe jouir d'une plus grande audience. La première fois que je les avais vus, ils retournaient une salle pleine dans un festival où ils n'étaient que des challengers face à des vétérans de première classe. Et c'était une adhésion méritée, les quatre conjuguant leur talent avec une bonhomie qui fait du bien (présence et discussion à leur table de merchandising). Comme d'autres dans la salle, je m'étais alors dit que nous tenions là les futurs fers de lance du rock, à l'instar des anciens Thugs ou Noir Désir. Deux ans plus tard, un nouveau concert pour la sortie de cet album confirma mon ressenti, là encore partagé de belle manière malgré les masques et la longueur du trajet pour aller les avoir : c'est l'un des groupes à suivre et des titres plus introspectifs comme "Tête blême" affirment un potentiel que PCCC n'avait pas encore.
Ce qu'il manque ? Un soutien médiatique à la cause rock, des programmations de concert. Ce serait dommage que la Covid nuise à ce début de carrière.