La scène minimal wave se porte bien à Montréal. Possible de citer Xarah Dion – qui nous a offert un bel album l’an dernier, chroniqué en ces pages - le duo Essaie Pas, dont le succès croissant de Marie Davidson a accentué la renommée, et Police Des Mœurs - composé de Francis Dugas et Manuelle Gauthier - qui a déjà trois albums signés chez Mannequin Records à son actif, ainsi que plusieurs EP et splits, dont l’un avec Essaie Pas, paru en 2014.
Les Canadiens reviennent aujourd’hui avec un quatrième opus intitulé Péril et en cette période troublée, le titre aurait difficilement pu être plus approprié. Ce nouvel album a été composé, pour la première fois à deux, et le groupe indique qu’il convient de l’écouter comme une bande-originale.
Il est vrai qu’en un peu plus de trente-cinq minutes, Police Des Mœurs parvient à établir une véritable ambiance à la fois énigmatique et inquiétante, le tout chanté en français. "Diagramme" s’impose assez rapidement comme l’un des tubes du disque, grâce à sa mélodie entêtante et son chant habité, tout comme "Ether", le premier single de l’album franchement convaincant. Peu à peu, les paysages se font plus troubles, presque inquiétants, le tout ponctué par des interludes savamment distillées. "Descente" donne le ton avec son ambiance lugubre, l’angoissant "Péril" enfonce le clou et l’album s’achève sur "Noir", ultime danse apocalyptique dont on ressort étourdi.
On compare parfois Police Des Mœurs à des groupes issus de la mouvance minimal wave des années 1980 comme Ruth ou Ceramic Hello, mais les Canadiens se distinguent de leurs aînés par une véritable personnalité dans le chant et une énergie quasi punk. Péril est un album fluide, maîtrisé, cohérent de bout en bout et qui se dévoile un peu plus à chaque écoute. La bande-son idéale en jours particuliers, à écouter seul, dans le noir.