Potence Clothing, fraîchement créée, est une maison concevant, réalisant et vendant en ligne des vêtements ornés d'un visuel qui met en avant les dimensions sombres de l'existence. Obsküre est parti à la rencontre de l'un de ses fondateurs, Guillaume Lemercier, adepte de musiqus metal et créateur des images horrifiantes, ténébreuses et aux relents mortuaires qui font l'organlité des lignes de Potence. Les choses ne naissent pas de rien.
Obsküre : Potence Clothing vient de naître. Dans votre présentation, vous expliquez que vos "créations sont orientées sur des thèmes sombres, comme les engins de torture avec la collection Supplices, les serial killers avec notre collection Serial Killers, les films d’épouvante, le metal extrême, l’occultisme, le satanisme et beaucoup d’autres." À quelle période de votre parcours personnel s’installe un intérêt pour le funèbre ou le macabre ? Quelle expériences expliquent cet attrait pour le versant sombre de l’existence ?
Guillaume Lemercier : L’idée de créer Potence est née fin 2021. Ma vie professionnelle ne me plaisait plus, j’ai tout plaqué. Étant directeur artistique de métier, j’ai eu envie de redessiner et de créer des choses pour moi, pour le plaisir. C’est en voyant mes designs que ma compagne Laurène m’a dit un jour : "il faut vraiment que tu en fasses quelque chose, ça va plaire aux gens." Il faut savoir qu'à ce moment-là, mon premier design était la potence de notre collection Supplices. À ce stade, le nom de la marque est devenu une évidence. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été attiré par la mort et tout ce qui touche de près ou de loin au macabre. J’ai été diagnostiqué dépressif à l'âge de sept ans, et je pense que ça a tracé mon chemin vers tous les univers sombres. Je suis fasciné depuis l’adolescence par les tueurs en série. Ce qui me passionne là-dedans, c’est surtout la psychologie de ces hommes et femmes, la façon dont l’être humain est capable de tout risquer pour assouvir une pulsion et devenir un "monstre".
Vos référentiels affichés ciblent un public en conscience de la part sombre de l’existence, du phénomène du Mal et cultivant une sensibilité pour sa représentation… ce qui amène notamment vers les milieux du metal extrême. Comment s’est passée votre propre incursion dans ces sphères musicales ?
Ça a commencé assez tôt chez moi. Mes parents écoutaient des groupes comme Black Sabbath, Nazareth, Led Zeppelin, etc. C'était un terreau fertile pour aller découvrir des genres et sous-genres du rock et du métal. Je me rappelle être tombé sur un clip de Cradle Of Filth quand j’avais dix ans, et c’est là que je suis tombé dedans un peu en cachette, parce que mes parents ne m'auraient pas laissé écouter ça. Puis j’ai découvert le death avec Bloodbath et Behemoth… C'était tellement violent à l’époque ! Ça m’a mis une claque. Aujourd’hui, j’ai une belle collection de vinyles orientés black et death metal. Étant guitariste depuis l'enfance, je prépare un EP black/death en formule one man band. Et j’espère le sortir en 2023.
Quand la collection Potence dédiée au metal extrême verra-t-elle le jour et quel genre de visuels développerez-vous dans son cadre ?
Notre collection Black Metal va sortir cet été, un peu à la manière de la collection Serial Killers. Cette série Black Metal contiendra des portraits de frontmen de groupe, comme Dead du groupe Mayhem, ou Abbath d’Immortal.
Le cinéma et la littérature horrifiques sont aussi moteurs de ce que produit Potence Clothing. Que recherchez-vous en tant que consommateurs de ces formes d’expression ?
Je dirais le choc et la peur… même si ça devient de plus en plus dur de trouver des films et livres vraiment marquants aujourd’hui dans le genre de l'épouvante.
Vos designs de vêtements sont davantage dans la symbolique ou la suggestion horrifique que dans l’imagerie gore qui alimente le cinéma d’horreur ou la dimension visuelle de mouvements comme le death metal originel. Est-ce un choix révélateur de ce que souhaite fondamentalement faire ou ne pas faire Potence, ou le registre gore n’est-il, en réalité, pas exclu pour le futur ?
Il y aura du gore, c’est une des directions que nous allons prendre dans l’une de nos prochaines collections. Le but sera de rendre hommage au death metal, qui arbore en effet des artworks ultra gore. Je pense que faire du gore sur nos deux premières collections n’aurait pas eu de sens. Sur ces collections, tu as raison, j’ai préféré rester plus symbolique.
À quoi ressemble votre processus créatif ? Quelle sont les parts de la méthode et de l’instinct dans ce que vous faites ?
Généralement, je commence à réfléchir à un thème que j’aimerais aborder et j’en discute avec Laurène. Je fais des essais, des croquis, et si un thème a du potentiel, nous en faisons une collection. Pour la petite anecdote, nous allons sortir une collection sur l’univers funéraire en fin d’année, et, c’est Laurène qui en a eu l’idée. Elle travaille en service mortuaire. Son soutien et sa créativité sont des moteurs pour Potence.
Quelles valeurs sous-tendent votre approche métier et, par ricochet, vous font vous sentir en phase avec le projet de robe, de hoodie ou de t-shirt que vous venez de créer ? Qu’est-ce qu’un visuel réussi ?
Nous attachons une grande importance à la liberté sous toutes ses formes et nous mettons un point d’honneur à ne jamais nous censurer. Nous étions à la What’s Up Tattoo Convention, la convention de tatouage, les 7 et 8 mai derniers, et avons remarqué que les visuels les plus réussis sont les plus "violents" : la Guillotine a eu beaucoup de succès.
Chez Potence Clothing, une collection a-t-elle vocation à perdurer ou l’imaginez-vous correspondre à une période limitée, une saison ?
C’est l’avenir qui nous le dira, mais nous allons tout faire pour que la marque vive le plus longtemps possible. Nous sommes passionnés par ce que nous faisons et tant que la passion sera là, nous serons présents.
Quelles sont vos perspectives de développement ? Vous imaginez peut-être faire grandir vos différentes collections, mais pensez-vous étendre aussi vos gammes de vêtements ?
Oui, nous aimerions à l’avenir travailler avec des fournisseurs français. Et oui, nous allons essayer de proposer des nouveaux produits assez régulièrement. Nous allons sortir tous nos designs en débardeurs, ils seront disponible avant Juillet. Je pense que nous ferons grandir nos collections en y ajoutant des serial killers par exemple, ou des engins de torture. Nous allons également sortir une collection enfants, qui sera dessinée en collaboration avec Myu, une tatoueuse du salon Clean Ink Tattoo, situé à Arpajon (91).