Potochkine fait bouger les lignes d’une electro-cold en musclant par la techno ses belles compositions. L'album de remixes qui sort chez UPR permet de mieux distinguer la complexité des titres originaux et donne de l'allant au disque studio Sortilèges. Une sortie qui est un entre-deux, un avant-goût des fêtes à venir dès que la situation se fera plus énergique.
Obsküre : L'enfermement est arrivé à un mauvais moment : vous aviez établi des contacts et la liste des concerts s'étoffait. Dès le départ, vous aviez vu Potochkine comme une entité pour le spectacle, la performance... Ce redémarrage imposé vous a-t-il permis de redéfinir des objectifs ?
Potochkine : Oui, c’est vrai que nous avons créé Potochkine avec cette immense envie d’être sur scène, car nous aimons performer et être dans ces merveilleux instants suspendus que sont les concerts… Cet enfermement nous a fait mal car il marquait l’arrêt brutal de notre exutoire. Malheureusement, on ne ressent pas encore de redémarrage pour le moment. Nous restons patients. Nos objectifs sont de créer un nouvel album dans l’espoir que nos concerts redémarrent vraiment, et de continuer à défendre nos idées…
Mythes est sorti en digital, sur votre propre espace. Vous lancez ensuite Sortilèges que vous défendez pleinement. Cela vous semblait-il difficile de promouvoir un ensemble aussi dense que Mythes ? C'est le type de projet qu'on attend plus tard dans un parcours musical, non ?
Oui en effet, mais avant d’être un album à part entière, les morceaux de Mythes ont d’abord servi de B.O. à trois pièces de théâtre mises en scène par F. Barbet. Il était important pour nous de ne pas laisser tomber ces morceaux dans l’oubli et d’en faire un objet musical. C’est une sorte d’album mémorial.
Vous avez bénéficié rapidement de soutiens de taille (Les Inrocks, Le Mouv'...), mais la situation musicale est aujourd'hui catastrophique. Comment vous êtes-vous préparés à cet entre-deux : reconnus, mais des ventes physiques qui stagnent encore ? Vous êtes nombreux dans ce cas (et encore, d'autres n'ont même pas les chroniques)… quel impact cette situation qui s'est établie dans le monde a-t-elle sur l'engagement artistique ?
Au niveau des ventes physiques, nous avons été agréablement surpris par toutes ces précommandes et commandes provenant des quatre coins du monde, si bien que les stocks de CD et K7 de Sortilèges se sont écoulés en deux mois. Du coup, nous avons fait un second pressage en édition limitée. Cette situation a renforcé notre désir de créer, de chercher, d’étoffer et de faire évoluer notre vision et notre univers. L’autoproduction nous permet de tisser un lien précieux et intime avec nos auditeurs.
Sortilèges est à peine sorti que voici son frère jumeau. Comment est né ce projet du double maléfique ?
Après la sortie de Sortilèges, nous avons reçu un message très élogieux de Pedro Peñas Robles à propos de cet album. Nous lui avons demandé un remix ; il en a finalement fait deux puis nous a proposé de sortir l’album sur son label, Unknown Pleasures Records. Comme à la base, nous voulions sortir l’album par nos propres moyens et par conséquent, choisir les huit artistes remixeurs, nous sommes tombés d’accord avec Pedro pour choisir chacun quatre artistes. Et c’était vraiment une bonne idée car l’album est, du coup, assez éclectique.
Ma préférence va sans doute au remix de La Main qui m'a extrêmement surpris ; et vous, de quel titre avez-vous particulièrement aimé la transfiguration ?
Chaque remix amène dans un univers différent, chacun a sa singularité, impossible de choisir !