Opus III. Une énergie, phénoménale. Le son de Golden Frames : une incision, un feeling live. La voix, entremêlement de fausses douceurs et d’impulsions sanguines, le feutre des guitares lorsque vient le creux de la vague, par contraste avec cette furie en les crescendos déchaînée.
Il y a quelque chose d’irrésistible, tout du long. Le chant est de sensualité mais porte une rigueur : précision, percussion, venin. Le projet d'origine toulousaine en veut, il se crée des embûches pour nourrir sa créativité. En résulte un son brut, inventif, dangereux. De "Blinded Fool" (rapport / tension entre masque social et identité) au final "Imperator" (la langue française vibre), Princess Thailand libère ses possibles. Il y a dans Golden Frames une force vitale, insubmersible. Un mouvement, fluctuation qui ressemble à celles du vécu : climats jour/nuit, coups de sang/repli. Les moments les plus posés rythmiquement ont la puissance de ce qui ne peut être conté mais vous emplit : incertitude quant à ce que nous vivons, magma des ressentis... cette permanence de l’inconstance, celle qui travaille au ventre ("The Night’s Magician").
C’est un disque de bruit et de rocaille, de flottements maîtrisés (la rythmique qui chahute de "Basement", moment du reboot existentiel : rompre, se sauver), en même temps que le témoignage de ce qui anime le groupe : un nerf, et l'ode à la rencontre ("Control"). À chaque écoute surgit ce nouveau détail, une découverte qui aimante et appelle à revenir. Un disque de vérités recherchées, un disque fascinant.