Après la sortie du nouveau Treponem Pal, ça fait plaisir de retrouver Punish Yourself sur un EP. Le premier après huit albums et un split. Les Toulousains s'amusent avec un premier titre rock'n'roll à la manière de Daniel Ash (Bauhaus) lorsqu'il jouait "Coming down". Ici, on a un narrateur vampire, qui va chercher de quoi s'agiter de nouveau. Drogues ? Sans doute, puisqu'on est en plein sex & drugs & R'n'R. La musique, sympathique, reste facile et malgré un refrain bien renforcé par les rugissements de guitares, cela crée un titre qu'on qualifiera de "léger".
En revanche, "Jug", porté par la batterie tribale et tapageuse de Mathys Dubois et mis en orbite par la saturation des voix rejoint les classiques trépidants du groupe. Ode à la femme aimée, on a là un hymne à la Cramps bien rehaussé de ses lignes synthétiques (Mikaël Charry aux machines) avant un refrain énorme et des breaks magiques. Rock'n'roll ? Oui, encore, mais sous sa vision punkifiée, métallisée, garage et big beat. Lorsque le solo arrive, gigantesque et gras (guitares de x.av et pierlox), on sait que Punish porte en lui une belle couvée, comme du temps de la sortie obske Sexplosive Locomotive.
Pour finir ce trio de nouveautés, ce n'est pas un titre sombre et malsain que le groupe a choisi, mais un titre mid-tempo, plus funky dans la ligne de chant de vx, astucieusement doublée par la voix de klodia sparkling. Un soupçon d'ambiance riot grrrl et une rasade de dance-rock sexy. C'est du côté des paroles qu'on cherchera le malaise, avec une description d'états d'âmes ravagés, sur fond de virus et de jeu de couteau. Un pari raté sur l'avenir qui se finit en crash contre le mur. Le monde va mal, mais il reste l'énergie de danser sur ses cendres.
Cet EP fonctionne comme une piqûre de rappel puisque le groupe va jouer avec Sidilarsen ce printemps ; il permet de reprendre une dynamique après la sortie de Spin The Pig (2017). Alors on a deux titres live puisque c'est sur scène que le groupe se savoure le plus, avec une mise en scène excessive qui n'empêche pas la justesse ; ainsi la version de "Mothra Lady" annoncée par une mise bouche du leader, fait grand effet tandis que "Spin the Pig" réveille des envies de mosh-pit ; de l'énergie ? Ce serait mettre de côté la grande force de la narration théâtrale du duo sur cette version sublimée. Enregistrés en octobre 2022 lors du Omega Ω Sound Fest, ces titres témoignent d'un savoir-faire toujours présent. Pour compléter ce gros EP bien rempli, deux remixes, l'un par Moaan Exis (avec Xavier Guionie de Punish), qui oriente "Jug" dans une veine plus electro, évoquant Dead Sexy pour le coup ! Modgeist (Mikaël Charry d'Anakronic) bascule aussi dans une électro sensuelle et minimaliste, assez rétro dans son approche pour "Knife".
Entre Treponem Pal, Punish Yourself, Sidilarsen, Mass Hysteria et Shaârghot, le rock industriel français est varié, et a de quoi satisfaire bien des exigences.