Les sculptures sonores de PureH sont des installations. Les nappes s’étirent, suggérant la formation d’une nature qui se déploierait sous vos yeux. C’est le film d’une réalité environnante, une sublimation : le film se déroule au gré de votre marche, votre voyage. Le bruit des vagues gagne toute la fin de l’ouverture ("Paracusia"), comme si un horizon s’ouvrait à vous après une longue ballade nocturne.
L’exposé 2025 du Slovène Simon Šerc passe par le double prisme de l’espace et du temps. Tout en oscillations douces, cette manufacture ambiante sculpte la présence à nos vies de la nature. Entendez la. Le bruit des flots revient sur "Slumber" : vous êtes peut-être sur un petit embarcadère, vous ramez. Les oiseaux se manifesteront sur le superbe "Tetragram", trame d’un cycle imaginé de l’existence.
PureH agit par la texturation mais une percussion organique, volubile quoique mixée plutôt bas (et signée Vili Žigon), restaure une fibre musculeuse, physique. Cette dimension physique est recherchée, elle fait récurrence dans le travail. Parfois, sa matérialisation frôle le trip hop ("Tasukete" : ses basses sinueuses, son beat aqueux).
Šerc fabrique une musique intimiste mais qui en réfère au méta, la dimension suprême des éléments en même temps qu’elle nous plonge dans le drame collectif que programme la dégradation de l’environnement (la fonte des glaces est le thème explicitement formulé de "Polynia"). Nous sommes, toutes et tous, dans la biodiversité ; et dans cette musique non chantée se contient un questionnement personnel concret et tout en profondeur sur le sens que nous donnons à notre relation avec ce qui, intrinsèquement, nous dépasse. Ce qui nous survivra.
Manifestement, cette relation ne s’inscrit pas en conscience dans ce qui fait notre appartenance à une globalité. Les humains percent-il jamais la bulle de leurs désirs ? Nous sommes – de l'expression du docteur en chimie Jean-Emmanuel Gilbert – dans l’addiction au confort. Et dans la musique de PureH, dessinatrice des magnificences environnantes, il y a les secondes de cette nuit qui tombe, lentement ou par à-coups, sur les inextinguibles désirs : notre soif, nos appétits, notre insouciance.