Hinterwelt In Silico est le second disque solo de Renaud Gabriel Pion, multi-instrumentiste spécialiste des instruments à vent. Impossible de ne pas s’y intéresser lorsque l’on sait qu’il s’est autant illustré sur le dernier Banshees produit par John Cale que sur le Spiritchaser de DCD et sur plein d’autres disques des regrettés Hector Zazou, Christophe ou bien encore Gavin Friday avec qui il a tourné au début des 90’s. Renaud est également à l’origine du magnifique Atonalist, récent projet (encore trop méconnu de ce monde obscurantiste !) avec Gavin et un certain Arnaud Fournier de Hint. Excusez du peu.
C’est dire si ce nouvel album solo (bien aidé par un certain Alex Forster pour les compos, programmations et production) titillait notre curiosité ! Pourtant, à la première écoute, on se prend à penser que l’on doit se coltiner un disque… chiant. De jolis instrumentaux sophistiqués, classieux, enveloppants et douillets qui nous emmènent a priori vers nulle part car trop déstructurés.
Miraculeusement, une deuxième écoute plus approfondie nous emmène en des endroits mystérieux et envoûtants, un poil jazzy et embrumés comme dans les meilleurs films noirs à tendance futuriste, où s’entremêlent instruments organiques et expérimentations électroniques avec la plus grande finesse. Les détails et surprises foisonnent et exigent de l’auditeur une attention particulière tandis que les rythmes se dégradent et démantibulent dans cette bande originale de film encore inexistant et donc à inventer. Et l’on se rend compte finalement qu’il y a même certaines mélodies soufflées par Renaud ou jouées par son compère anglais Alex Forster qui s’insinuent durablement dans nos synapses. "Zeitgeist", l’orientalisant "Gorgo", "Triangle" et sa langueur monotone, le morne, urbain et mystérieusement angoissant "Döppelganger", le cinégénique "Tala" et ses thèmes de clarinette à la Tuxedomoon, autant de titres aussi aliénants que paradoxalement et finalement addictifs. Il y a également "Radiance", seul titre chanté (merveilleusement par Lisa Papineau) d’Hinterwelt, et donc un peu incongru à première écoute, mais tellement beau qu’il trouve parfaitement sa place dans ce disque exigeant et d’une beauté renversante.
Ne passez pas à côté de ce voyage !
