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Album
23/04/2025

Requiem In White

Hymnal Of Remembrance

Label : The Circle Music
Genre : gothic / death rock / opera / orchestral manœuvres
Date de sortie : 2025/04/25
Note : 85%
Posté par : Emmanuël Hennequin

Dix ans d’activité : été 1985, formation à Boston, puis déménagement vers New York en 1989 – dissolution : 1995. Un seul album, un EP, plusieurs démos. Premier enregistrement : Act One, 1986. Il y a, oui, un gothique américain. Il y a celui-là, un parmi mille peut-être, mais pour sûr un au-dessus de beaucoup d’autres. Requiem In White, projet unissant les forces du couple formé par Lisa Hammer – né Houle (fille du punk et des musiques classique et médiévale, un temps voisine de la sorcière de Salem Laurie Cabot) – et Eric Hammer : union qui perdurera en musique à travers le projet suivant, enthousiasmant aussi mais au son romantique, mutant et aux vibrations Renaissance, Mors Syphilitica. Une couple qui s’est réalisé aussi à travers le versatile et expérimental Order Of The N.C.S. (un seul album : The Order Of The NCS Perform The Music From The Rituals Of The New Poison, 1994).

Of The Want Infinite est un classique des années 1990, de ces disques qui gardent, comme on dit, une "place à part". Aujourd’hui, Hymnal Of Remembrance rassemble moult sessions fruits des efforts combinés du couple Hammer, du regretté bassiste Christopher David Walsh (08/06/1965 – 29/03/2013) et du batteur Javier Madariaga (A.P.P.L.E., Heart Attack, Reagan Youth, House Of God), mais aussi de Cathy Carney, à l’époque à laquelle Javier n’est pas encore investi dans le groupe : celle de la k7 démo de 1987 (Everlasting Peace) et de l’EP homonyme de 1990, dont les formes complètent le menu.

Le seul format long, celui de 1994, forme néanmoins le menu principal de cette édition spéciale, riche en photographies d’époque à défaut de notes explicatives, lesquelles manqueront fatalement au fan die-hard. Des écritures signées des cofondateurs auraient pu donner à revivre la vibration de l’époque, au-delà du son présent et dont la flamboyance reste assez peu dicible. Après tout, ils ne donnaient pas d’interviews à l’époque, pourquoi écriraient-ils aujourd’hui ? Le silence aide à forger un mythe, c’est vrai aussi sur le long terme. Les crédits resteront d’une précision salvatrice.

1994. Flamboyance de ce gothique américain duquel perçait la sobre acidité des guitares d’Eric Hammer, élément saillant avec les voix au sein d’un tout à la vibration sacrale. La basse, par en-dessous, tapissait ses profondeurs marécageuses. La dimension grave. Par en-dessus, les guitares, cette stridence enrobée de réverbération et d’échos, celle d’un afterpunk sacral : bruit d’une cousinade embrassant Shadow Project, Mephisto Walz, Christian Death (pour lesquels ils ouvrirent plusieurs fois, comme ils ouvrirent pour Sex Gang Children voire Type O Negative, sous les yeux de Peter Steele et Kirk Hammett, spectateurs depuis le balcon, au Limelight). Lorsque bien plus tard vous interrogiez Lisa Hammer comme le fit Adele Sinnamon pour Onyx en 2022, la chanteuse avalisait certes la filiation à Christian Death, tout en rappelant l’importance des masses de guitares : les musiciens de Requiem In White se voyaient comme un nouveau Black Sabbath doté d’une chanteuse d’opéra. Les démentir serait dénier mérite. "Everlasting Peace", "Santonin Kiss", "Want", "Secret of Secrets", "Acanthus" : autant de classiques.

Les inclinations opératiques de Lisa Hammer saisissent aujourd’hui encore, et ceux qui parmi vous n’auraient pas vécu le frisson de l’époque peuvent le vivre aujourd’hui au fil de cette compilation incluant, en fin de parcours, une fraction du son des origines. Les six dernières prises, celles de la fin des années 1980 et du début des années 1990, portent une vision, et l’écart qui les sépare de la force de production du seul et unique album (plusieurs studios impliqués) ne leur porte pas excessivement préjusice. Pour Of The Want Infinite, dont le feeling religieux se retrouvera sur les enregistrements inauguraux de Mors Syphilitica, il y avait un entourage plus conséquent, un batteur expressif. La batterie programmée des débuts, elle, donnait une touche plus machiniste et lissée à des titres comme "Everlasting Peace" ou "Centuries". Et même si la production, quoique propre, n’était pas encore en splendeur, en germe demeuraient ce tribalisme, cette puissance dramatique et une urgence ("Gia Torna") qui resplendiront sur l’enregistrement final. Mais la force des chansons, la force de l’inspiration étaient déjà là. Of The Want Infinite a sublimé l’existant par une obligation de moyens fixée à un niveau élevé, et une écriture maturée. 

Hymnal Of Remembrance, recueil des souvenirs pour une musique culte, et pas qu’un peu : de grands moments, de ceux qui vous poursuivent, de ceux vers lesquels vous revenez toujours.

Tracklist
  • 01. Everlasting Peace
  • 02. Santonin Kiss
  • 03. Beneath the Leaves
  • 04. Call before me
  • 05. Centuries
  • 06. My Shame
  • 07. Want
  • 08. Secret of Secrets
  • 09. La Perdida de un Encanto Infantil
  • 10. Acanthus
  • 11. C.F.
  • 12. A fixed Place of Heaven
  • 'WORD OF PROMISE / PRODIGAL SON' :
  • 13. Word of Promise
  • 14. Prodigal Son
  • 'EVERLASTING PEACE' :
  • 15. Everlasting Peace
  • 16. Centuries
  • 17. In This Crimson Fall
  • 18. Gia Torna