Tout d'abord, précisons qu'il ne s'agit pas d'un Best of mais tout simplement de disques que j'ai écoutés ces douze derniers mois - et la sélection a été difficile, laissant beaucoup d’artistes de côté (pourtant j’ai laissé tourner en boucle le titre "Transparent Things" sur Flicker de Death and Vanilla un bon nombre de fois). Car se limiter à 30 ce n’est pas évident. Il n'est pas toujours simple non plus de se tenir informé de toutes les dernières sorties, et moi-même je pense être passé à côté de certaines pépites que j'espère découvrir plus tard. À Obsküre, on écoute néanmoins énormément de nouveautés et l'intérêt des listes de fin d'année, c'est de les faire partager. En termes de sonorités, c'est très éclectique au sein même des "musiques sombres". Il y a du dark ambient, de l'industriel, du gothique, du post-punk, de l'électronique expérimentale, du mystique, du néofolk, de l'americana, du drone et un peu toutes les musiques qu'on aime bien. Pas d'exhaustivité, mais juste des pistes pour revenir sur un cru 2023 pas mal du tout.
1. DEAN HURLEY - The Mystic (Criterion)
Bande originale brillante composée par un fréquent collaborateur de David Lynch. Profondément hantée, la musique accompagne un film de Tod Browning de 1925, une œuvre très peu connue de l'auteur de Freaks. On y retrouve les mêmes ambiances de fêtes foraines, avec guitares gitanes, valses à l'accordéon, orgues de barbarie et ritournelles oniriques et angoissantes rappelant Carnival Of Souls. Le traitement des sons est fascinant, crépitant et spectral comme un disque des Joyaux de la Princesse. Un exercice mélancolique et hors du temps.
2. JOAKIM - Metropolis - The Lost Soundtrack (Tigersushi / Potemkine)
À la fois le chef-d'œuvre de la carrière de Joakim et une des plus belles partitions inspirée par le grand classique muet de Fritz Lang. Ambitieux et mystique, le double vinyle pioche autant dans l'industriel, le dark ambient, la techno, que dans le néoclassique ou l'électronique analogique. Atmosphérique, mélodieux et parfois franchement angoissant. Du vrai cinéma pour les oreilles.
3. THE SERFS - Half Eaten By Dogs (Trouble in Mind)
Le trio de Cincinnati nous livre clairement son meilleur album à ce jour, plus accessible peut-être aussi que ses deux précédents. Toujours dans un registre post-punk et cold wave habité, les Américains prouvent aussi que l'électronique leur va particulièrement bien avec des compositions de haut niveau qui peuvent rappeler autant Suicide, Cabaret Voltaire que le Tuxedomoon des débuts ("Cheap Chrome", "Suspension Bridge Collapse", "Spectral Analysis") mais avec une élégance dans la production qui va en faire des classiques des dance-floors top dark ("Club Deuce").
4. TIM HECKER - No Highs (Kranky)
On pensait que Tim Hecker avait atteint son sommet avec Konoyo (2018) et Anoyo (2019), et son soundtrack en double vinyle pour le film de Brandon Cronenberg sorti un peu plus tôt dans l'année, Infinity Pool, était très bien mais sans grande surprise par rapport au passé du musicien. En revanche ici, dès le premier titre, formidable "Monotony", on est terrassé par la densité crépusculaire de son univers avec des orchestrations ténébreuses qui ont su retenir les meilleures leçons de l'avant-garde. Un véritable opéra d'angoisses sur fond de langage Morse. Tim Hecker n'est pas juste un grand nom de la musique ambient, il s'affirme encore une fois comme un des compositeurs les plus aventureux de notre époque.
5. SWANS - The Beggar (Mute)
Un album à se procurer d'urgence au format double CD et non pas en vinyle car le trésor se trouve sur le format digital : "The Beggar Lover (Three)", un titre de trois quart d'heure qui restera sans aucun doute un des plus forts moments de la carrière du groupe de Michael Gira. Un film en soi. Cela ne veut pas dire que le reste n'est pas bien. Ils semblent en revenir à leur son des années 1990, avec toujours ce rock hypnotique et incantatoire aux airs de grande messe. Seules quelques ballades moins réussies ("No more of this", "Unforming") peuvent interférer dans le trip qui reste de haut vol, notamment quand on entend ces morceaux se développer sur scène.
6. REVEREND KRISTIN MICHAEL HAYTER - Saved ! (Perpetual Flame Ministries)
Virage radical pour l'ex Lingua Ignota mais pas tant que ça. Le passé lyrique et le pathos ne sont pas évacués dans cet album qui s'apparente à un vrai rituel d'exorcisme et de guérison. En réinvestissant l'héritage gospel, folk et americana, elle se rapproche ici de la démarche de Diamanda Galàs ou de Jarboe, mais l'enregistrement, au son volontairement sali par un lecteur cassette, aurait pu être fait par Daniel Johnston dans sa période la plus illuminée. Il en résulte un disque conceptuel, épuré et hors du temps, qui finit en une glossolalie des plus perturbante.
7. DAVID EUGENE EDWARDS - Hyacinth (Sargent House)
Le tout premier album solo de David Eugene Edwards (16 Horsepower, Wovenhand) est forcément un événement. Les ambiances y sont privilégiées, mystiques et prophétiques à souhait avec une production impeccable. À grands renforts d'électronique, sa néofolk ensorcelle avec de riches textures sonores. La voix est toujours aussi habitée, parfois dans des registres plus graves que d'habitude ("Howling Flower", "Hyacinth"). Je pourrais citer "Bright Boy" ou "Beavers Beam" mais il n'y a pas une seule mauvaise chanson ici, tout est bon.
8. L.PETITGAND, SCANNER & GEINS'T NAÏT - Et il y avait (Ici d'Ailleurs)
Une collaboration au sommet. OLA nous avait particulièrement séduit l'année dernière, en voici la suite, plus apaisée mais toujours très glacée, avec beaucoup de collages sonores et de travaux sur les textures des voix. Celles-ci sont un peu moins présentes pour privilégier des climats ambient plus ouverts et mystérieux. Un voyage sonore délicieusement abstrait et poétique ("Larsen Scan").
9. KINK GONG - Myth (Bié Records)
Kink Gong, alias Laurent Jeanneau, collecte depuis plus de deux décennies des enregistrements de minorités ethniques qu'il va collecter sur le terrain tel un ethnomusicologue. La masse de disques sortis est impressionnante, mais cet album est une superbe présentation de son travail de collage à partir de ces matériaux. Ici il se focalise sur la musique tibétaine et les rituels bouddhistes auxquels il a ajouté du santour iranien et des traitements électroniques. Immersif et mystique.
10. DA-SEIN - Sore (Galakthorrö)
Troisième album du duo espagnol et peut-être le plus riche en termes de sonorités. On reste dans un univers angst pop et cold/indus minimal avec chant féminin monocorde et climats glacés et apocalyptiques. Les comparaisons avec November Növelet, qui étaient très tentantes au début (et encore perceptibles sur "Hell For You"), disparaissent au profit d'un univers granuleux, recherché, inquiétant et quasi horrifique ("Anatomy of a dead Man"). Un univers dévasté ("Human Waste"), parfois cinématographique ("Hollow"), mais d'une grande beauté.
11. TWELVE THOUSAND DAYS - The Boatman On The Downs (FinalMuzik)
Peut-être le meilleur opus du duo formé par Martyn Bates et Alan Trench. De la néofolk de grande qualité, riche dans son instrumentation et son inspiration, toujours ouverte aux mélodies mélancoliques, au psychédélisme halluciné, aux expérimentations électroniques ambient, voire aux improvisations terrifiantes ("As the Sun") sur lesquels la voix du chanteur d'Eyeless in Gaza s'envole comme un rossignol.
12. NORMA LOY - Ouroboros (Manic Depression)
Quand un groupe mythique de la cold wave des années 1980 se réinvente par l'exercice de la reprise, ça donne un album comme cet enthousiasmant Ouroboros. Non seulement Norma Loy convoque plein de formations contemporaines à son évolution (Throbbing Gristle, Tuxedomoon, Coil, Minimal Compact...), quelques grandes figures du rock (The Velvet Underground, David Bowie, Suicide...) mais surtout certaines versions sont de petits bijoux et souvent ce sont les plus inattendues (Factrix, Julee Cruise...).
13. FRANCE SAUVAGE - Où les observer, savoir les reconnaître (Murailles Music - In Paradisum - La République des Granges)
France Sauvage n'est pas un groupe facile à cerner et cela dure depuis plus de quinze ans. Changeant de styles, de la noise au krautrock en passant par le field recording, ils ont touché à tout mais jamais ils n'ont livré un album aussi accessible et mélodieux. Car oui, il y a du chant en français ici, l'électronique est douce aux oreilles, les rythmes hypnotiques et les samples poétiques. Mais attention, ça n'en reste pas moins barré et délirant à souhait. Un régal d'inventivité et sans aucun doute le disque le plus original de l'année.
14. NEVE - Light Leaks (Slow Tone Collages)
La musique de Neve, anciennement Sink, a toujours développé un grand sens du détail, du paysage et de la mélancolie au sein de la scène electronica/IDM. Sur ce dernier opus, le musicien français a assemblé tout son instrumentarium vintage pour un voyage onirique particulièrement envoûtant. Chaque plage prend son temps pour poser une ambiance, et dès qu'on est bien installé, des événements fantastiques interviennent. Glacial comme du Biosphere et fascinant comme des vieux Polaroids.
15. PJ HARVEY - I Inside The Old Year Dying (Partisan Records)
Plus de trente ans de carrière et PJ Harvey écrit toujours de sacrés bons morceaux qui donnent le frisson. Essayez plutôt "A Child's Question, August" ou "I inside the old I Dying". C'est délicat, onirique et incroyablement hypnotique, comme des comptines d'un autre monde. Un disque qui se bonifie à chaque écoute et expérimente pour susciter plus de mystère ("All Souls").
16. SHIBALBA - Dreams Are Our World Of Experience (Cyclic Law)
Vous pouvez sortir l'encens car la musique de Shibalba ne s'apprécie pas sans une implication de l'auditeur. Instruments tibétains, chants rituels caverneux, cors, sitar et ossements, tout est rassemblé pour un album en forme de grand messe, où le groupe semble piocher autant dans les traditions mystiques orientales que dans des pratiques magiques occultes. L'ensemble est ambitieux et épique à souhait, même si les incantations se font plus douces à la fin de cette transe chamanique.
17. TOLOUSE LOW TRAX - Leave Me Alone (Bureau B)
Le cinquième album de l'Allemand Detlef Weinrich est un délice d'expérimentations électroniques délirantes et poétiques. Une musique groovy et hallucinée, accompagnée des voix d'Eva Geist et de FRAN, et de touches de dub, d'electro-jazz, d'IDM, de collages surréalistes et d'ambiances urbaines. Peut-être son album le plus accessible, le plus ludique et le plus réussi. Mentions spéciales aux morceaux inspirés par les poèmes de Pasolini.
18. XIU XIU - Ignore Grief (Polyvinyl Records)
Devenu un trio composé de Jamie Stewart, Angela Seo et David Kendrick, Xiu Xiu continue sur la voie des expérimentations lugubres et industrielles. Si la voix si singulière de Jamie n'apparaît que sur la moitié des titres, l'ambiance reste torturée à souhait. Dissonant, bruitiste et à la limite des BO de films horrifiques avec ses cordes grinçantes, son saxo hystérique et son piano fou, Ignore Grief a dû clairement être marqué par les derniers travaux de Scott Walker ou les enregistrements d'Einstürzende Neubauten des années 1980. Un disque pas facile d'accès mais très imaginatif et indéniablement puissant.
19. SIR PERCY - No Name God (Objet Trouvé)
Mené par la voix de crooner d'Erik Haegert, le premier album de ce duo berlinois est étrangement séducteur. Une ambiance vintage et lascive de vieux bar enfumé perdu dans une ville qui pourrait être cousine de Twin Peaks, un son roots à base d'orgue, de guitares réverbérées et de boîte à rythmes, et surtout des chansons qui restent en tête et un chant vibrant d'émotion qui n'est pas sans rappeler Nils Ottensmeyer ("Ölflim").
20. PIERRE DESPRATS - Conann (UFO)
Les univers du cinéaste Bertrand Mandico et du compositeur Pierre Desprats sont devenus indissociables, et ce dernier nous surprend encore par la richesse de son dernier opus. Bande originale du long-métrage Conann La Barbare, on ne peut s'empêcher de penser à la collaboration entre Federico Fellini et Nino Rota pour Satyricon sur certains titres, mais les films de Mandico tournent toujours autour de la mutation et de la transformation, et la musique prend elle-aussi des tournures très différentes comme un vrai collage : orchestrations romantiques, rap new-yorkais, tribalisme surréaliste, avancées martiales, cabaret sexy, trip-hop spectral... L'ensemble est, cela dit, moins planant que par le passé, plus guerrier et percussif en accord avec le film auquel il se rattache.
21. THE HANDSOME FAMILY - Hollow (Loose)
Trente années d'existence, cela se fête avec un onzième album pour The Handsome Family. Leur style qu'ils définissent comme du "western gothique" est toujours aussi identifiable. Des rythmes lents, une grande influence de la country/folk américaine et de la tradition du storytelling, le chant grave et envoûtant de Brett Sparks et des mélodies qu'on se plaît à fredonner. Et ce Hollow contient son lot de perles : le nocturne et onirique "Strawberry Moon", la mélodie au clavecin de "The King of Everything", la valse "Skunks", l'ambiance de vieux bar honky tonk de "Shady Lake"... Un bon cru.
22. KARMA VOYAGE - Lights in Forgotten Places (Icy Cold Records)
Et si le groupe The Blue Angel Lounge s'était réincarné dans ce quintet italien, d'autant plus que Nils Ottensmeyer apporte sa voix unique au titre "New Foundations" ? Rien que ce morceau vaut largement le détour. Bon mélange de new wave, de shoegaze et de rock psychédélique, Karma Voyage a clairement écouté les Chameleons ou Slowdive. Mais quand on sait que c'est leur premier disque, on se dit qu'il faut qu'ils n'aient pas peur de leurs ambitions et qu'ils n'hésitent pas à inviter Nils sur d'autres morceaux !
23. AIMA - Carmina in Spiritum (Slaughter In Art)
Le nouvel album d'AimA (Les Jumeaux Discordants, Caverna delle Rose) se focalise entièrement sur les polyphonies de voix et la recherche spirituelle. Éthérées et hors du temps, dans l'esprit de certains morceaux de Dead Can Dance, les mélodies sont soutenues par des nappes électroniques obscures, des cordes mélancoliques et chants gutturaux. Le tout est particulièrement séduisant quand les chants évoquent l'époque médiévale ("Aeternitatis Spiritui", "Carmen in Spiritum").
24. KOU - Kou (All Night Flight - Aguirre - Animal Biscuit - Be Coq - El Muelle - La République des Granges - U-Bac)
Avec un beau portrait de l'acteur Alan Bates sur la couverture, ce premier album de la collaboration entre Apolline Schöser (Nina Harker) et Thomas Coquelet alterne plein de petites pièces sonores comme un grand collage radiophonique, avec des chansons claires à la guitare, des field recordings, du jazz bizarroïde, des voix trafiquées, des airs enregistrés sur un vieil orgue... On n'est pas très loin de l'esprit de Nurse With Wound, de l'art brut ou de la folk d'avant-garde. Intriguant.
25. URUK - The Great Central Sun (Ici, d'ailleurs)
Le quatrième album du duo formé par Thighpaulsandra (Coil, Spiritualized, UUUU) et Massimo Pupillo (Zu) continue l’exploration de sonorités dark ambient brumeuses et cosmiques. On se laisse emporter par ces deux longues plages sonores et on en oublie le temps et l'espace où on se trouve. Un pur trip à conseiller aux amateurs de Zeit de Tangerine Dream et d'Astral Disaster de Coil.
26. RYŪICHI SAKAMOTO - 12 (Milan)
En mars disparaissait le grand Ryūichi Sakamoto, et ce disque, témoignage de sa nouvelle lutte contre le cancer, ne peut être écouté sans une certaine émotion, comme un journal intime de ses derniers jours. Il y aussi quelque chose de très serein dans ces compositions à base de piano et de sons synthétiques, une respiration, une épure, un calme quasiment mystique. Ce 12 rappelle les peintures de Mark Rothko. Le minimalisme des pièces ne les rend pas moins puissantes, c'est cette fragilité qui touche. Un testament sonore qui ne peut être détaché d'un sentiment de tristesse.
27. LAIBACH - Sketches of the Red Districts (God Records)
Retour à des atmosphères dystopiques et industrielles pour les vétérans slovènes. Pas d'euro-pop ici mais un climat menaçant et angoissant (l'excellent "Glück auf!"). Mais si l'on retrouve ici l'oppression urbaine de leurs débuts, la rage a laissé place à une grande musicalité, même dans les passages les plus expérimentaux. La voix de Milan Fras est sinistre comme il faut et convient parfaitement à cet album conceptuel dans lequel le projet revient sur les "quartiers rouges" de sa région natale et l'histoire complexe de l'ex Yougoslavie.
28. LANA DEL RABIES - Strega Beata (Gilgongo Records)
Un troisième album plus synthétique pour l'Américaine Sam An. Cela reste toujours très sombre et ambiancé, entre darkwave et electro-indus, mais légèrement moins noise (même si le passé peut refaire surface sur le torturé et mental "Reckoning"). "Mourning" est assez représentatif de cette nouvelle direction. Malgré des effets sur les voix pas toujours heureux et une sensation parfois de trop-plein, la musicienne évolue sans céder à la facilité commerciale et sans refaire son Shadow World.
29. BONNE HUMEUR PROVISOIRE - Reliefs (Animal Biscuit, La République des Granges, Fougère, Be Coq, agrafprod, Tandori)
Difficile de définir l’univers de Bonne Humeur Provisoire. C’est comme de la chanson française sur des musiques de transe folk hypnotiques, mais avec un esprit surréaliste qui n’est pas sans rappeler les vocalises expressionnistes de La S.T.P.O. et de Ptôse. C’est poétique, drôle et totalement inclassable. Les alliances de vielle à roue, de synthés et de violon sont déjà originales mais essayez plutôt "Désincarné" avec son trombone déglingué, sa contrebasse répétitive et ses aboiements, "Sable" avec son ambiance "Venus in Furs" du Velvet ou encore le superbe "Les Mouches". Il y a quelque chose qui se passe là.
30. DEPECHE MODE - Memento Mori (Columbia)
On ne pouvait pas ne pas citer le mastodonte Depeche Mode ! On a beau les associer à la masse vertigineuse de tubes synth-pop qu’ils ont sortis dans les années 1980 mais leur travail reste toujours intéressant même si la grande période appartient au passé. Ce quinzième album bénéficie d’un son finement ciselé, au grain parfois très analo, et qui a le mérite de nous plonger immédiatement dans un monde en soi et de rendre un superbe hommage au membre originel Andrew Fletcher disparu en 2022. L’ensemble est peut-être un peu mou et morose, mais sur "Never Let me go" ou "My favourite Stranger", on retrouve sans problème l’élégance et l’énergie des jours anciens.
La curiosité :
LE DIABLE DEGÔUTANT / LE VOILE UNIVERSEL - Naïa la sorcière de Rochefort-En-Terre (Folklore Tapes)
Voici un vinyle qui nous a surtout séduit pour sa face B assurée par un mystérieux duo anglais. Le projet est inspiré par un article de 1899 sur une sorcière vivant dans le sud de la Bretagne et les photos l’accompagnant sont assez saisissantes. Le travail du Voile Universel est définitivement occulte, mêlant instruments anciens, atypiques ou électroniques. Le rendu est assez fascinant, entre le vieux document ethnographique et la création contemporaine.