Un son de l’intériorité. C’est le second album pour Riotmiloo : des couloirs de son, un parcours, climat incertain. Arches de synthèse, au charbon, qui tournent sur elles-mêmes. Les travaux 2023 ont pris le parti de creuser les ambiances : minimalisme, boucles hypnotiques, chant en vapeurs, couches analo. Les fluides bruts de Blackout interrogent notre mental, veulent effacer – parole de l’artiste – ces "barrières artificielles entre normalité et folie."
Pas rassurant, ou au contraire très. Un travail en conscience des failles humaines. Le feeling névrotique du disque fait ressortir le travail permanent dans lequel s’inscrit chacun pour – ou non – trouver équilibre personnel, stabilité d’émotion et de rapport aux autres. Mais lorsque Riotmiloo enclenche ses mécaniques oppressives, nous réalisons la fragilité de notre nature – celle à laquelle s’expose chacun ou à laquelle la vie, les évènements, l’impondérable, expose le commun des mortels. Risque de l’effondrement. Peur de perdre les autres, peur de se perdre soi.
Blackout est un disque à la tension retenue mais qui porte une charge, un propos lourd. L’environnement sonore est austère mais les boucles obsédantes et la voix, charnelle, vous happent. Riotmiloo n’avance pas au hasard et si elle appuie là où ça fait mal, elle procède par suggestivité. Et c’est la force du disque : le fait qu’il se refuse à une explosion gratuite, à la tentation du spectaculaire. Le malheur, la chute n’est pas un spectacle.
