Rue Oberkampf, fondé en 2016, inclut les personnes de Julia de Jouy, Michael et Damien De-Vir, dont un ADN commun se fixe dans une certaine culture du Djaying. Leur nouveau single paru chez Ant-Zen, Negativraum, formalise une résonance à la fois dansante, peu chargée et hypnotique. La force du son du trio est dans sa sobriété, son clair-obscur (tiraillement permanent). Alors nous aurions bien aimé davantage de matériau, sûr – mais après tout, le premier album, Christophe-Philippe, n’est sorti qu’en 2019. Dans l’attente, ces douze minutes de musique parleront et le visuel signé (bien sûr) Stefan Alt est splendide.
Se remarque en particulier la force d’inspiration du premier morceau, envoûtant travail éponyme dont l’enveloppe, charnelle, contraste avec son voisin de palier. "Negativraum", inspiré par George Sand, arrache à la solitude et son psychédélisme noir en filigrane vous enveloppe et vous emporte : cette invitation à la danse est irrésistible, et vous donne le sentiment que tout est à portée : "le futur est à nous, maintenant." C’est bien fini, vraiment.
La "doom version" de "Caméra", plus timide en développement, ne nous saisit pas aussi fort : les voix, dans la même optique rentrée, ne bénéficient pas du physique porteur dont l’électronique s’est pourvue sur le premier titre et l’approche textuelle, plus figurative, ne nous touche pas autant non plus. Subjectif, oui - mais de facto, perturbation dans le mouvement de balancier du cœur. Néanmoins et sur l’ensemble, Rue Oberkampf maintient un décorum sonique typé, ce qui porte à considérer ses charmes avec respect. Il faudra attendre le prochain format long pour savoir si, de nouveau, Rue Oberkampf tient sur la longueur. En 2020 néanmoins, il y a certitude : son Negativraum provoque appétit.